Intimidation aux USA

Image: © Piumadaquila - Fotolia.com

Image: © Piumadaquila – Fotolia.com

 

De plus en plus, on parle de l’intimidation et de ses effets destructeurs. Aux USA, l’intimidation est omniprésente. Sous une multitude de formes. En voici quelques-unes…

Intimidation scolaire

Un jour, je demande à mon fils Jérémie, alors âgé de 12 ans, s’il a été ou est victime d’intimidation (bullying) à son école. Il me répond non, mais je sens une certaine hésitation. Puis, après quelques autres questions, il m’avoue qu’un de ses collègues lui crache dessus, à sa sortie de l’autobus scolaire, depuis… 6 mois! Mais, comme bien des victimes d’intimidation, il prend la défense de son agresseur : « Oui mais papa, il a des problèmes dans sa tête ». Oui, définitivement! Outré, je rencontre le directeur de l’école dès le lendemain matin. Celui-ci prend les choses en main et règle la situation.

Intimidation vidéographique

Si ridicule soit-elle, la mode actuelle est de filmer une agression physique d’un ou plusieurs étudiants envers un autre, puis de télécharger l’œuvre digitale sur des sites de partage vidéo. Avides d’une gloire éphémère, ces futurs adultes sèment le résultat de leur folie passagère et répandent les méfaits de leur intimidation.

Encore plus ridicule est l’absence de réaction des sites de partage vidéo, qui ne font presque rien pour enlever rapidement ces vidéos. Ou encore les journaux en ligne qui affichent ces vidéos et les laissent accessibles pendant des semaines, au nom de la liberté de presse.

Intimidation fiscale

Aux USA, la majorité des enquêtes fiscales sont menées par des employés de l’Internal Revenue Service (IRS). Toutefois, certaines enquêtes plus complexes sont effectuées par des équipes spécialisées, dont font partie certains agents du Federal Bureau of Investigation (FBI).

Donc, si vous avez une société américaine et que l’IRS vous prévient qu’une enquête fiscale va sous peu démarrer à son sujet, ne soyez pas étonnés de voir un agent du FBI s’installer dans vos bureaux, avec sa calculatrice… et son arme de service!

Intimidation politique

Ce qui est fascinant aux USA, c’est la dichotomie entre le discours des politiciens condamnant l’intimidation scolaire et leur propre comportement durant les campagnes électorales.

Leurs annonces télévisées sont éloquentes. La publicité négative à l’endroit d’un candidat, payée par son adversaire ou par des groupes aux intérêts opposés, est monnaie courante. Images sombres, typographie rouge sang, musique dramatique : tout y est pour tenter de vous faire croire que l’autre est un déchet humain.

Intimidation judiciaire

Deux exemples parmi tant d’autres…

La société Nissan Motors, qui fabrique des automobiles, a eu le malheur de ne pas réserver le nom de domaine nissan.com . C’est plutôt une petite société, Nissan Computer, qui l’a fait en premier. Malheur à cette dernière, qui fut ensuite la victime d’une vendetta tout azimut de Nissan Motors. Autrement dit, David contre Goliath. Pendant des années, Nissan Motors a poursuivi Nissan Computer en justice afin d’obtenir le nom de domaine tant convoité. Cela a coûté une fortune à cette dernière afin de défendre ses droits, mais elle a finalement gagné. Pour sa part, Nissan Motors a dû se rabattre sur un nom de domaine moins attrayant : nissanusa.com .

Depuis 1936, le magazine Consumer Reports est une référence de qualité aux USA en matière de protection des consommateurs. En 1988, ce magazine a publié un reportage peu flatteur sur le véhicule Suzuki Samouraï. Vexé, son fabricant intenta une action judiciaire en 1996 (soit 8 ans plus tard…) et réclama plus de 60 M$US en dommages. Se défendre coûta une fortune à Consumer Reports, organisme sans but lucratif, qui dût faire appel à la générosité de ses abonnés et lecteurs pour défrayer ses frais judiciaires. En 2004, Suzuki retira son action judiciaire et le dossier fut tout bonnement fermé. Notons que Consumer Reports, bien que poursuivi de temps à autre par des fabricants mécontents, n’a jamais été condamné par une cour de justice, et n’a jamais réglé un dossier hors cour pouvant impliquer le versement d’une quelconque somme d’argent de sa part.

Intimidation matinale

Depuis mon arrivée aux USA en 1999, presque tous les matins, je vais quérir le News Journal au magasin du coin, situé dans un petit centre commercial extérieur, entouré d’un vaste stationnement. J’immobilise toujours mon véhicule au même endroit, à côté d’un emplacement réservé aux personnes handicapées. L’endroit en question n’est pas en soi un espace de stationnement. Mais il ne gêne en rien la circulation. D’autant plus que j’y reste environ 15 secondes.

Récemment, fidèle à ma routine matinale, je sors donc de ma voiture et me dirige vers le magasin. Je vois un homme se diriger lui aussi vers ce même magasin. Puis, soudainement, il m’apostrophe : « Avez-vous le droit de vous stationner à cet endroit? Je ne vois rien qui vous autorise en ce sens ». Peu habitué d’entendre de tels sons aussi tôt le matin et surtout dérangé dans ma bulle post-nocturne, je ne dis mot à ce pseudo-policier et entre dans le magasin. Le quelconque quidam me suit et sort littéralement de ses gonds, devant la caissière et deux clients médusés: « Pour qui tu te prends? Tu es un trou du c…! As-tu compris? Un trou du c…! » La caissière, qui me connaît depuis 15 ans, et les autres témoins sont tout simplement estomaqués par la violence de l’intervention. Pas moi. Ayant plaidé plus de 300 procès au Canada, j’ai une certaine habitude de ce genre d’individu. D’autant plus qu’il sent l’alcool à plein nez à 8h00 le matin… Je le regarde calmement dans les yeux (injectés de sang), puis je paye le journal, remercie la caissière et quitte sans mot dire.

Conclusion

Au moins trois leçons à tirer:

1) Ne jamais accepter l’intimidation, peu importe sa forme

2) Dénoncer l’intimidation envers soi et envers les autres

3) Comprendre que la violence est la force des faibles…

 

Play