Visa ou MasterCard?

Image: © almoond / 123RF.com

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Selon le site creditcards.com, l’utilisation des cartes de crédit est immensément répandue aux USA. La dette moyenne découlant de leur utilisation varie entre 5,000$ et 8,000$ par détenteur. L’Américain moyen possède au moins trois cartes de crédit. Toutefois, la récession de 2008 a réveillé bien des consommateurs et la jeunesse d’aujourd’hui est moins portée vers ces bouts de plastique financier. Nouvelle humilité financière?

Humilité personnelle

En 1999, j’arrive aux États-Unis avec famille, auto, meubles et… carte de crédit canadienne! Vite assommé par les frais de conversion de devises, je décide de faire une demande de carte de crédit américaine. Pas facile de choisir parmi les 150,000 offres de cartes qui jonchent quotidiennement ma boîte aux lettres. Surtout quand on ne connaît pas les émetteurs américains et leur réputation, et qu’aucune loupe n’est assez puissante pour décrypter les caractères lilliputiens de leurs modalités obligatoires.

Je choisis donc aveuglément l’émetteur MBNA (subséquemment acquis aux USA par Bank of America). Gonflé d’orgueil grâce à mon titre d’avocat et ma carte canadienne d’une limite de 10,000$, je m’imagine que ce sera facile d’obtenir une carte américaine. Faisant toutefois preuve d’un rare instant d’humilité, je demande une limite de crédit initiale de 500$ seulement. Puis, je poste ma demande.

Deux semaines plus tard, une lettre de refus assombrit mon visage. « Sûrement une erreur de l’ordinateur », me dis-je, délesté d’une couche d’orgueil. Je renvoie donc une nouvelle demande au même émetteur. Après deux semaines, le postier m’apporte une réponse similaire. Allégé de deux autres couches d’orgueil mais têtu comme un âne, je poste une troisième demande. Quelques jours plus tard, un préposé de MBNA, sûrement fatigué de recevoir mes demandes, me contacte par téléphone : « Monsieur Allard, vous n’avez aucun historique de crédit aux USA. Absolument rien sur vous dans les registres des trois grandes sociétés de renseignement de crédit : Equifax, Experian et Trans-Union ».

Armé d’un accent français à trancher au couteau, je lui rétorque poliment que je viens d’arriver dans son pays, en provenance directe du Canada. Il s’exclame aussitôt : « Monsieur Allard, il n’y a donc aucun problème. Nous allons demander à notre filiale canadienne de nous fournir un rapport de crédit à votre sujet. Puis nous vous recontacterons sans délai. »

Deux semaines plus tard, je reçois par la poste une superbe carte de crédit américaine, d’une limite de… 25,000$!

Humilité professionnelle

En 2001, je décide de fonder la société CorpoMax. Outre ma soif d’entrepreneur et ma volonté de réussir sur le sol américain, je n’ai absolument rien. Je pars véritablement de zéro. Parmi les bons conseils d’un ami américain, je retiens celui-ci : offrir une multitude de moyens de paiement à mes futurs clients. Je fais donc une demande pour obtenir un compte-marchand de carte de crédit (généralement appelé « contrat VAD » en Europe). Deux demandes doivent être faites : l’une au consortium Visa/MasterCard/Discover, l’autre à American Express (Amex).  Après avoir rempli leurs nombreux formulaires, je reçois leur acceptation quelques semaines plus tard. CorpoMax peut donc désormais accepter des paiements par carte de crédit!

En ce qui concerne Amex, ma joie dure… deux semaines. En effet, je reçois une seconde lettre de cette société, laquelle m’indique qu’Amex a décidé de mettre fin à nos relations contractuelles. Aucun motif n’est fourni. De mon côté, aucune transaction impliquant ce type de carte n’a encoré été effectuée. Je contacte donc Amex par téléphone pour obtenir de plus amples explications. Impossible.

Troublé par cette situation, je demande à mon banquier d’envoyer une lettre à Amex afin de confirmer que je suis une personne merveilleuse, d’une honnêteté scrupuleuse, et que mes larmes d’entrepreneur cesseront immédiatement de couler si Amex reconsidère sa décision. Mon banquier ne reçoit aucune réponse à sa lettre.

Humbles leçons

Après plus de 16 ans sur le sol américain et près de 14 ans à la tête de CorpoMax, je peux maintenant affirmer sans sourciller que ces deux expériences m’ont énormément enrichi.

Au niveau personnel, j’utilise plusieurs cartes de crédit. L’une pour les points offerts, l’autre pour l’absence de frais à l’étranger, une autre encore pour les avantages en avion. Aucune banque, ni émetteur de carte, ne mérite une quelconque loyauté de ma part. Diviser pour régner. Jamais tous mes œufs dans le même panier.

Au niveau professionnel, je suis inondé d’offres de comptes-marchand… Amex depuis 2001 ! Mais jamais plus, je n’ai fait de demande à cette société. D’ailleurs, de nombreux commerçants américains n’acceptent pas cette carte, se contentant d’accepter celles émises par le trio Visa, MasterCard et Discover. Pourquoi? Parce que les frais de transaction facturés par Amex à ses marchands sont beaucoup plus élevés que ceux à verser au trio. De plus, aux USA, c’est bien connu par les commerçants: tout titulaire d’une carte Amex a aussi une carte Visa, MasterCard ou Discover dans son portefeuille…

 

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