L’industrie américaine du mensonge

 

Image: Omar Capelli - Fotolia

Image: Omar Capelli – Fotolia

 

Aux États-Unis, le mensonge vend et fait vendre. Il revêt diverses formes. Il se veut parfois évident, souvent subtil. Car ici, on peut dire à peu près n’importe quoi.

Tout ça grâce au premier amendement de la Constitution américaine:

« Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l’établissement d’une religion, ou interdisant son libre exercice; ou limiter la liberté de parole, ou de la presse; ou le droit des citoyens de se rassembler pacifiquement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation de griefs. »

Journaux heddomadaires

Tous les vendredi, le supermarché du coin regarnit ses présentoirs situés près des caisses enregistreuses. Les magazines et journaux défraîchis par des mains avides de potins absurdes doivent céder leur place. Les nouveaux imprimés revendiquent le trône des périodiques aux nouvelles plus fausses les unes que les autres.

Avec photos truquées à la une, ces déchets journalistiques prétendent que la première dame des États-Unis a cent amants, que la vedette de l’heure ne pèse plus que 25 kilos, et que la reine d’un quelconque pays a commis un meurtre.

Les cibles préférées de ces torchons imprimés sont généralement les vedettes d’Hollywood. Peu d’entre elles réagissent, blasées par l’habitude du mensonge ou avides de publicité, même mensongère. Seul l’acteur Tom Cruise réagit systématiquement à ces insultes sans fondement factuel, par de féroces poursuites judiciaires .

Annonces radiophoniques

fiverrLes ondes TV nous submergent d’élans publicitaires émanant de sociétés importantes. Par contre, les ondes de la radio satellite pullulent d’annonces provenant de sociétés littéralement inconnues.

Deux thèmes sont récurrents. Le premier touche à la santé intime de l’homme. On offre cent pilules Viagra pour 9.99$, alors qu’une vraie pilule Viagra se vend environ 15$ l’unité en pharmacie, sur prescription médicale seulement. Le second touche aux problèmes d’impôt des gens. On vante une expérience douteuse en matière fiscale et un palmarès  grandiloquent de règlements favorables obtenus avec l’Internal Revenue Service (IRS), principal organe fiscal américain.

Médailles et honneurs

Lors d’une assemblée publique tenue en 2007, un dénommé Alvarez avait claironné: « Je suis un Marine retraité, après 25 ans de service. En 2001, j’ai pris ma retraite. Avant cela, en 1987, on m’a décerné la médaille d’honneur du Congrès. » Or cette prétention était fausse, ledit Alvarez n’ayant jamais porté l’uniforme. Il fut donc poursuivi en vertu du Stolen Valor Act de 2005, adopté sous le règne du président George W. Bush. Cette loi criminalisait toute fausse déclaration relative à l’attribution d’une médaille militaire.

En 2012, dans la cause United States v. Alvarez, la Cour Suprême des États-Unis déclara que cette loi était inconstitutionnelle, car portant atteinte à la liberté d’expression garantie par le premier amendement de la Constitution.

Création de sociétés

yelpSur une base annuelle, des entreprises font parvenir aux sociétés américaines une
enveloppe urgente, contenant un document ayant véritablement l’apparence d’un avis gouvernemental ou d’une facture officielle. À l’aide d’extraits législatifs choisis avec soin, le document établit une date d’échéance pour verser une somme d’argent prétendument payable.

Plusieurs États américains mettent en garde les gens contre ces tactiques de bas étage, tel le Delaware et la Floride. Malgré cela, les gens d’affaires n’y voient souvent que du feu et font parvenir un chèque, sans avoir pris le temps de bien lire et surtout de se renseigner.

Dépôt de marques

Pire encore: le dépôt de marques. Le registre américain des marques est public, peut être même un peu trop. S’y trouvent toutes les coordonnées de la personne physique ou morale qui dépose une demande d’enregistrement de sa marque.

Encore là, de nombreuses entreprises mal intentionnées pullulent. Le nom de ces dernières porte délibérément à confusion avec celui du United States Patent and Trademark Office (USPTO). Elles font parvenir à leurs victimes une facture pour des services inexistants ou inutiles, toujours avec une date limite de paiement. L’enveloppe de retour est gracieusement fournie, pour faciliter la vie des aveugles affairés à préparer un chèque pouvant grimper jusqu’à… 3,000$US! Même les coordonnées bancaires de ces filous morts de rire sont imprimées sur la fausse facture…

 

 

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