Le respect des disparus

Le respect des disparus

Image: morganimation – Fotolia.com

J’aime lire les journaux. J’apprécie ce contact quotidien avec la société dans laquelle on vit. Et dans laquelle on meurt.

Tous les jours, plusieurs nous quittent, lentement ou en vitesse, doucement ou sans finesse. Parfois, la section nécrologique du journal The Philadelphia Inquirer occupe plus d’espace que la section sportive du même journal. Faut dire qu’il y en a du monde dans cette grande ville de Pennsylvanie qu’est Philadelphie.

Vie des disparus

Le contact de mes yeux gênés avec la notice biographique de récents disparus me permet de mesurer, sans prétention scientifique, une bonne partie du respect que les survivants témoignent à leurs proches qui ont trouvé le repos dans la nuit éternelle. Plusieurs notices sont plus longues que bien des curriculum vitae.

La lecture d’innombrables caractères lilliputiens me permet de connaître en détail les événements ayant parsemé la vie des défunts: lieu de naissance, parents et famille, religion pratiquée, église fréquentée, écoles et diplômes obtenus, armée, mariage, enfants, travail, trophées et prix, retraite, etc.

Je découvre même leurs surnoms (certains exotiques, d’autres évocateurs…), leurs passe-temps (quilles, marche, balle-molle) et leurs réalisations personnelles (pêche du plus gros poisson dans le comté, spécialités culinaires).

En fait, tout ce qui manque, c’est leur type sanguin et les résultats de leur test d’ADN.

Respect des soldats

Les Américains portent aussi un immense respect à leurs soldats, surtout morts en devoir.

Il y a le mur-souvenir des vétérans du Vietnam, situé à Washington DC, et dans le granit noir duquel sont gravés les noms des 58,156 soldats américains décédés au combat ou portés disparus.

N’oublions pas le Memorial Day, anciennement appelé Decoration Day, qui est un jour de congé dédié à la mémoire des Américains morts durant l’une ou l’autre des guerres, et qui est célébré le dernier lundi de mai.

Cimetières

Pour sa part, le cimetière national d’Arlington, situé en Virginie (tout juste à côté de Washington DC), existe depuis 1864 et a plus de 400,000 locataires permanents (militaires, vétérans et famille). Y sont aussi enterrés les anciens présidents américains, dont John F. Kennedy. Pour y être enterré, il est préférable de s’inscrire sur la liste d’attente… de son vivant.

Les cimetières, intimes ou gigantesques, sont fort fréquentés. Dans le silence. Dans le respect. Dans le souvenir. Petits drapeaux étoilés, fleurs fraîches régulièrement remplacées, messages doux, oursons en peluche laissés par des petits-enfants souvent inconnus des trépassés. Signes discrets, têtes penchées, yeux humides, coeurs serrés…

Départ d’un proche

Le départ d’un être proche est toujours insupportable. Mais comment décrire cette douleur lorsque celui qui part est un enfant? Pire encore cela doit être lorsque le petit être s’est fait enlever la vie par un proche parent.

Il y a quelques années, j’ai lu dans la version web d’un quotidien montréalais qu’un Québécois venait d’écoper de quatre ans de prison pour avoir tué son enfant. Coïncidence troublante: la même journée, dans le Philadelphia Inquirer, je lisais une nouvelle similaire. Sauf que le meurtrier américain écopa de la peine de mort…

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