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Image: ©T2-Fotolia

 

Aux USA, la liberté d’expression est gravée dans la Constitution américaine, grâce à son premier amendement. Et c’est parfois fort malheureux…

On communique de plus en plus, mais pas nécessairement de mieux en mieux.

Liberté d’informer

En général, les journalistes américains se contentent de rapporter la nouvelle.

Les plus dégourdis découvrent la nouvelle. Par exemple, les journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein sont devenus des icônes dans le domaine de l’information politique, en faisant exploser le scandale du Watergate, ce qui a entraîné la démission du président américain Richard Nixon.

Quelques journalistes deviennent l’emballage de la nouvelle. Le titre de certaines émissions d’information comporte généralement leur nom. On pense à Anderson Cooper 360  et The Situation Room with Wolf Blitzer (CNN), Nightly News with Lester Holt et Meet The Press with Chuck Todd (NBC).

De rares journalistes deviennent l’objet de la nouvelle. En février 2015, Brian Williams, jadis le plus respecté et populaire des présentateurs de nouvelles aux USA, a été suspendu sans salaire – 10M$ annuellement – pendant 6 mois pour avoir embelli son rôle lors d’un reportage en Irak. Ironiquement, lorsque Williams fut forcé d’accepter cette suspension, il s’est engagé envers NBC à ne pas commenter publiquement la situation dans laquelle il s’était empêtré. Bref, un lecteur de mots condamné à ne dire mot.

Liberté de commenter

Au pays de l’Oncle Sam, on remarque que certains journalistes ont de plus en plus tendance à utiliser le « je » parmi les mots de leurs articles. Ils s’impliquent dans la nouvelle, désirant clairement imbriquer le messager dans le message. Ils commentent les faits au lieu de les rapporter objectivement.

À leur tour, les lecteurs de ces mots s’en donnent à cœur joie dans la section « Comments », qui suit l’article. Quelques élans littéraires sont bien, plusieurs confirment la bêtise humaine à son état le plus primal. L’anonymat procure peut-être du courage, mais n’augmente nullement l’intelligence. Certains médias américains ont finalement compris que d’idiots commentaires polluent d’excellents articles.  Par conséquent, plusieurs sites bannissent désormais les commentaires (Popular Science) tandis que d’autres exigent que les commentateurs en herbe s’identifient par leur profil Facebook (ESPN, Huffington Post).

Certains commerçants américains tentent d’interdire à leurs clients de commenter négativement leur expérience d’achat, sous peine d’amendes ou de poursuites judiciaires. Heureusement, des élus ont déposé un projet de loi déclarant illégale toute telle interdiction, toujours au nom de la liberté d’expression.

Liberté de crier

 Grâce à la Cour suprême des États-Unis dans la cause Snyder v. Phelps, la liberté d’expression comprend le droit de protester, hurler et faire du bruit pendant des funérailles privées. La question soumise était simple: « Est-ce qu’un groupe notoirement anti-gai a le droit de protester, sur un trottoir public, pendant qu’un homme, gai de corps mais non de cœur, enterre son fils, militaire tué en mission? » Dans une décision majoritaire à 8-1, la Cour suprême a jugé que la liberté d’expression protégée par la Constitution américaine permettait ce comportement, aussi répréhensible soit-il.

Liberté de dénoncer

La liberté d’expression semble toutefois avoir des limites. Du moins selon la Maison Blanche, qui en veut énormément à Edward Snowden, jadis simple contractuel informatique de la CIA. En 2013, ce dernier a dévoilé au monde entier la récolte effarante et présumément illégale d’informations par la National Security Agency (NSA).

À l’aide des propres documents et données informatiques de la NSA, Snowden a démontré que cet organisme gouvernemental, de façon anonyme, a colligé des milliards d’informations sur les Américains et a forcé plusieurs entreprises de communication (téléphone et Internet) à lui fournir secrètement des informations et des données.

Aujourd’hui, les grandes sociétés américaines fournissant des services Internet se battent contre le gouvernement américain, toujours aussi désireux de percer les mystères des anonymes. Par exemple, la firme Apple refuse catégoriquement de fournir une copie des SMS (textos) envoyés et reçus par ses millions de clients sur leur iPhone.

En bref

Le secret n’existe presque plus. L’anonyme se découvre lentement. Le silence commence à parler.

Remarquez que cela a parfois des avantages. Si j’efface un courriel par erreur, je devine que je peux désormais m’adresser à la NSA pour en obtenir une copie…

 

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