Oh $eigneur…

Oh $eigneur...

Image: Juan Jose Gutierrez – Fotolia.com

Si, aux USA, la pratique religieuse se porte aussi bien que la construction de nouvelles églises, on peut affirmer sans crainte de se tromper que le paradis promis aux croyants est réservé aux défunts américains. Ce n’est pas compliqué: il y a autant d’églises dans cet immense pays que de restaurants dans la ville de New York.

Quelle église?

Il est fondamental de faire partie d’un quelconque mouvement religieux. Du moins, c’est la déduction qu’on doit en tirer à la lecture des journaux.

Fiançailles, mariages, nominations, décès: les avis heureux et moins heureux mentionnent souvent l’église fréquentée par la personne concernée. Dans les journaux du lundi, on voit régulièrement le président américain sur le parvis d’une église, sa main dans celle de son épouse et l’autre tenant ferme son bréviaire.

On attire les fidèles et les autres au moyen d’annonces publicitaires, plus originales les unes que les autres. Les enseignes au néon déploient de criards jets de couleurs lumineuses, les dépliants affichent de célestes slogans. Le porte-à-porte religieusement incitatif n’est pas l’apanage exclusif des Témoins de Jéhovah.

Quel montant?

Dans un invariable élan dominical, les membres, qui se comptent par millions dans certains cas et à l’unité dans d’autres, se précipitent vers les temples sacrés afin d’écouter, de chanter, de parler, de murmurer, de bouger, de s’agenouiller, de crier, de rire, de sourire, d’échanger, de prier et… de payer.

Pour ceux qui préfèrent la télévision à court terme plutôt que la rédemption à la fin des temps, les télévangélistes de tout acabit pullulent au petit écran.

La traditionnelle quête de dons ponctuels est alors remplacée par une ponction monétaire grâce à la trinité commerciale par excellence: Visa, MasterCard et American Express.

Lorsque les lieux de culte sont désertés après la rencontre du dimanche, ils deviennent alors l’occasion de rassembler d’autres personnes, ou les mêmes portant d’autres chapeaux. Par exemple, on transforme la salle de célébration en terrain de volley-ball ou de basket-ball, où se réunissent des jeunes en quête de sensations divinement athlétiques ou des parents avides d’éliminer de diaboliques surplus graisseux.

Quelle école?

Des amis québécois, installés au Delaware depuis peu, désirent que leur rejeton fréquente une école catholique privée. Sauf que ce n’est pas si facile que ça…

Non pratiquants, ces copains doivent tout d’abord prouver à l’église catholique de leur comté qu’ils aiment le Seigneur autant que leur enfant.

Cette preuve doit être hebdomadairement fournie, préférablement de façon endimanchée et avec une obole à peine moins élevée que les futurs frais de scolarité. Si leur dévotion est exemplaire, le bambin pourra être admis à l’école catholique du quartier.

Oh $eigneur…

Play