Archives de l’auteur : Vincent Allard

À propos Vincent Allard

Vincent Allard est un avocat spécialisé en droit des affaires. Après avoir émigré aux États-Unis en 1999, il a fondé CorpoMax, qui offre des services de création de société aux USA et dépôt de marque aux USA. Le blog et le podcast CorpoMax lui permettent de partager son expérience américaine et celle de ses milliers de clients, généralement avec une touche d'humour. Il favorise un échange fructueux avec tous ses lecteurs et auditeurs.

L’impôt aux USA, ça vous intéresse?

L'impôt aux USA, ça vous intéresse?

Copyright: chudtsankov / 123RF Stock Photo

Après mes études en droit, j’ai voulu entreprendre une maîtrise en fiscalité. Refusé! Ego meurtri, je suis allé en appel. Refusé de nouveau! Ego piétiné, j’ai dévié vers une maîtrise en droit des affaires et finalement un MBA.

Aujourd’hui, je remercie le ciel tous les jours de ne pas être devenu un avocat fiscaliste. Surtout aux États-Unis!

Pourtant, je viens tout juste de lancer une 3ème entreprise (après Jurifax et CorpoMax) qui offre des formations en ligne, portant sur… la fiscalité américaine: DictoMax .

Voici pourquoi…

Réalité fiscale aux USA

La fiscalité américaine est vraiment complexe. Impôt fédéral, impôt des États, impôt des comtés, impôt des villes. Impo…ssible à comprendre!

Un individu peut devoir produire jusqu’à six rapports d’impôt, notamment s’il a déménagé dans un autre État durant l’année concernée.

Une société qui fait affaires dans 15 États américains devra potentiellement produire 15 rapports d’impôt d’État, sans compter le rapport d’impôt fédéral. Si chacune de ses places d’affaires est située dans une ville qui exige aussi un rapport d’impôt (comme la ville de Wilmington, au Delaware), on est rendu à 30 rapports d’impôts.

Tout ça sans compter la taxe de vente (TVA). Inexistante au niveau fédéral, elle est partout ailleurs: États, comtés, villes, commissions de transport, et autres ogres fiscaux.

Dans l’État de New York, on peut acheter le même produit, dans cinq magasins différents d’une même chaîne, et payer cinq taux de taxe de vente différents.

En France, il y a principalement quatre taux de TVA différents, dont le principal à 20%. Au Québec, on parle de deux taux, soit TPS au fédéral et TVQ au provincial.

Aux USA, il y aurait plus de… 50,000 taux de TVA différents!

Réalité des entrepreneurs étrangers

Depuis 2001, j’encourage systématiquement les clients de CorpoMax à consulter des spécialistes en fiscalité américaine (experts-comptables, fiscalistes, avocats) afin de les guider dans leur aventure américaine.

Mais pas n’importe quel fiscaliste américain!

Un fiscaliste oeuvrant dans l’État de la Georgie sera peut-être excellent pour ses clients originaires de la Georgie. Mais le sera-t-il tout autant pour une société française qui désire établir une filiale en Georgie? Connaîtra-t-il la législation fiscale française, la convention fiscale France-USA et l’intégration entre les régimes fiscaux français et américain? La réponse est souvent non.

C’est pourquoi je réfère systématiquement les clients de CorpoMax vers une quinzaine de fiscalistes américains… hors des États-Unis. Ces spécialistes comprennent beaucoup mieux la situation fiscale, actuelle et souhaitée, de leurs clients étrangers qui veulent faire affaires aux USA.

Note importante: aucun de ces fiscalistes américains ne verse une quelconque commission (finder’s fee) à CorpoMax ou à moi-même. J’ai toujours préféré gagner ma vie avec mon propre labeur, jamais avec celui des autres…

Pourquoi DictoMax?

Jusqu’à aujourd’hui, l’entrepreneur étranger qui désire obtenir une information de base sur la fiscalité aux États-Unis n’avait que deux choix:

  1. naviguer sur Internet et consulter des milliers de sites et blogs, sans garantie de qualité ou d’exactitude
  2. consulter un fiscaliste américain, qui facture ses services généralement sur une base horaire.

Désormais, l’entrepreneur étranger possède un 3ème choix, celui de pouvoir suivre une ou plusieurs formations en ligne, portant sur la fiscalité américaine, faciles à comprendre et comportant de nombreux exemples.

Mais attention!

DictoMax n’a nullement pour but de remplacer le fiscaliste américain. Ce site ne fait que fournir une information de base sur la fiscalité aux États-Unis. Tout entrepreneur sérieux doit obligatoirement retenir les services d’un spécialiste en fiscalité US.

D’autre part, depuis 2001, je réfère les clients de CorpoMax à une quinzaine de fiscalistes américains de grande qualité. Et la plupart de ceux-ci font régulièrement appel aux services de CorpoMax. Celui qui fait la narration des vidéos DictoMax n’est qu’un de ces fiscalistes. Il ne faut donc nullement y voir une quelconque préférence de ma part.

Mon cher Vincent…

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire.

Vous m’avez fait tout un cadeau en lisant ce blog jusqu’à la fin. À mon tour, je vous offre un rabais de 30% sur une ou plusieurs formations DictoMax. Le code-rabais est BC30 et valable jusqu’au 15 novembre 2017.

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CorpoMax a 15 ans !

CorpoMax a 15 ans!

Image: © vladvm / 123RF.com

Le 2 mai 2001, la société CorpoMax Inc. a été constituée au Delaware.

Aucun client. Aucun site web. Aucun numéro de téléphone. Aucune place d’affaires. Peu d’argent. Mais beaucoup d’espoir.

Quelques anecdotes ont parsemé les 5,479 journées qui ont suivi…

Le droit mène à tout

Au début de 2001, une petite annonce dans le journal local attire mon attention. On recherche un spécialiste en création de sociétés. J’enfile aussitôt veston et cravate, puis vais à l’entrevue. Une jeune dame, qui travaille seule, m’explique les secrets corporatifs du Delaware. Après 5 minutes d’entrevue, je la remercie et décide de lancer CorpoMax.

La place d’affaires

J’envoie 15 lettres à 15 bureaux d’avocats dans la ville de Newark, afin de louer un espace. Personne ne me répond. Une semaine plus tard, j’appelle donc le premier nom sur la liste. L’avocat me dit n’avoir aucun local disponible. Mais il mentionne avoir un espace de rangement pour ses dossiers fermés, dans un immeuble voisin qui lui appartient. L’espace est microscopique, délabré et transpire l’humidité. « Je le prends« , dis-je. Héberlué, l’avocat ne sait même pas quel loyer demander. Je lui offre 100$ par mois, qu’il accepte aussitôt.

Le site web

Ayant quelques notions de base en programmation web, grâce au lancement préalable de Jurifax, je commence à créer le site web de CorpoMax. J’analyse tout d’abord l’offre de service de mes 150 compétiteurs au Delaware. Puis, je traduis des termes qui n’existaient même pas en français à l’époque. Par exemple, « registered agent » devient « agent agréé« . Je bâtis un tableau comparatif en 52 points. Un pseudo-compétiteur (établi en Europe mais faisant croire qu’il est au Delaware) l’aime tellement qu’il le reproduit intégralement quelques jours plus tard sur son site web. J’aurais pu le poursuivre devant les tribunaux. Mais c’est à ce moment précis que je prends la décision de toujours m’occuper des clients de CorpoMax, jamais de ses compétiteurs.

La marge de crédit

Je vais à la banque pour demander qu’une marge de crédit de 10,000$ soit accordée à CorpoMax. Le banquier m’indique qu’un frais de 250$ est exigible pour analyser ma demande. Je lui rétorque qu’il est indécent de facturer un frais pour ensuite empocher des intérêts. Je quitte donc la banque et décide d’utiliser plutôt une carte de crédit sans frais annuel. En plus d’un délai de paiement d’environ 30 jours sans intérêt, cela me permet d’accumuler des points ou airmiles.

Le compte-marchand

Je fais une demande de compte-marchand auprès des trois grands émetteurs de cartes de crédit: Visa, MasterCard et American Express. Les trois acceptent. Environ deux semaines plus tard, je reçois une lettre d’American Express, mettant fin au contrat sans fournir d’explications. Pourtant, aucune transaction n’avait encore été effectuée. Je tente par tous les moyens de contacter Amex. Aucune réponse. C’est alors que je prends la décision (forcée au début) de ne jamais accepter de paiements Amex, à l’instar de plusieurs autres marchands américains. Les frais exigés des marchands par American Express sont d’ailleurs beaucoup trop élevés.

Le grand jour

Après avoir complété le site web, rénové le microscopique local et obtenu un numéro de téléphone, je lance officiellement le site web de CorpoMax… le 1er septembre 2001. Soit dix jours avant l’affreuse journée du 11 septembre 2001. Pendant les six mois qui suivent, rien ne se passe. Aucun courriel, aucun appel téléphonique, aucune commande. Je deviens un expert mondialement reconnu dans le maniement du plumeau sur l’écran d’ordinateur qui ne sert à rien. Puis, tranquillement, la vie reprend son cours. Et CorpoMax reçoit une première commande.

Quinze ans plus tard

Aujourd’hui, soit le 2 mai 2016, CorpoMax a un nom connu à travers le monde, un site web contenant près de 50 témoignages d’estime en vidéo, un numéro de téléphone facile à retenir et une place d’affaires qui lui appartient.

Tout ça grâce à nos milliers de clients dans plus de 50 pays. Grâce aussi à notre travail quotidien, dont celui de ma fille Véronique et bientôt de mon épouse Sylvie. Grâce enfin à nos fournisseurs de services qui nous accompagnent depuis le début.

Maintenant, occupons-nous des 15 années qui vont suivre…

 

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Sans commentaire…

Sans commentaire... - Blog CorpoMax

Image: ©T2-Fotolia

 

Aux USA, la liberté d’expression est gravée dans la Constitution américaine, grâce à son premier amendement. Et c’est parfois fort malheureux…

On communique de plus en plus, mais pas nécessairement de mieux en mieux.

Liberté d’informer

En général, les journalistes américains se contentent de rapporter la nouvelle.

Les plus dégourdis découvrent la nouvelle. Par exemple, les journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein sont devenus des icônes dans le domaine de l’information politique, en faisant exploser le scandale du Watergate, ce qui a entraîné la démission du président américain Richard Nixon.

Quelques journalistes deviennent l’emballage de la nouvelle. Le titre de certaines émissions d’information comporte généralement leur nom. On pense à Anderson Cooper 360  et The Situation Room with Wolf Blitzer (CNN), Nightly News with Lester Holt et Meet The Press with Chuck Todd (NBC).

De rares journalistes deviennent l’objet de la nouvelle. En février 2015, Brian Williams, jadis le plus respecté et populaire des présentateurs de nouvelles aux USA, a été suspendu sans salaire – 10M$ annuellement – pendant 6 mois pour avoir embelli son rôle lors d’un reportage en Irak. Ironiquement, lorsque Williams fut forcé d’accepter cette suspension, il s’est engagé envers NBC à ne pas commenter publiquement la situation dans laquelle il s’était empêtré. Bref, un lecteur de mots condamné à ne dire mot.

Liberté de commenter

Au pays de l’Oncle Sam, on remarque que certains journalistes ont de plus en plus tendance à utiliser le « je » parmi les mots de leurs articles. Ils s’impliquent dans la nouvelle, désirant clairement imbriquer le messager dans le message. Ils commentent les faits au lieu de les rapporter objectivement.

À leur tour, les lecteurs de ces mots s’en donnent à cœur joie dans la section « Comments », qui suit l’article. Quelques élans littéraires sont bien, plusieurs confirment la bêtise humaine à son état le plus primal. L’anonymat procure peut-être du courage, mais n’augmente nullement l’intelligence. Certains médias américains ont finalement compris que d’idiots commentaires polluent d’excellents articles.  Par conséquent, plusieurs sites bannissent désormais les commentaires (Popular Science) tandis que d’autres exigent que les commentateurs en herbe s’identifient par leur profil Facebook (ESPN, Huffington Post).

Certains commerçants américains tentent d’interdire à leurs clients de commenter négativement leur expérience d’achat, sous peine d’amendes ou de poursuites judiciaires. Heureusement, des élus ont déposé un projet de loi déclarant illégale toute telle interdiction, toujours au nom de la liberté d’expression.

Liberté de crier

 Grâce à la Cour suprême des États-Unis dans la cause Snyder v. Phelps, la liberté d’expression comprend le droit de protester, hurler et faire du bruit pendant des funérailles privées. La question soumise était simple: « Est-ce qu’un groupe notoirement anti-gai a le droit de protester, sur un trottoir public, pendant qu’un homme, gai de corps mais non de cœur, enterre son fils, militaire tué en mission? » Dans une décision majoritaire à 8-1, la Cour suprême a jugé que la liberté d’expression protégée par la Constitution américaine permettait ce comportement, aussi répréhensible soit-il.

Liberté de dénoncer

La liberté d’expression semble toutefois avoir des limites. Du moins selon la Maison Blanche, qui en veut énormément à Edward Snowden, jadis simple contractuel informatique de la CIA. En 2013, ce dernier a dévoilé au monde entier la récolte effarante et présumément illégale d’informations par la National Security Agency (NSA).

À l’aide des propres documents et données informatiques de la NSA, Snowden a démontré que cet organisme gouvernemental, de façon anonyme, a colligé des milliards d’informations sur les Américains et a forcé plusieurs entreprises de communication (téléphone et Internet) à lui fournir secrètement des informations et des données.

Aujourd’hui, les grandes sociétés américaines fournissant des services Internet se battent contre le gouvernement américain, toujours aussi désireux de percer les mystères des anonymes. Par exemple, la firme Apple refuse catégoriquement de fournir une copie des SMS (textos) envoyés et reçus par ses millions de clients sur leur iPhone.

En bref

Le secret n’existe presque plus. L’anonyme se découvre lentement. Le silence commence à parler.

Remarquez que cela a parfois des avantages. Si j’efface un courriel par erreur, je devine que je peux désormais m’adresser à la NSA pour en obtenir une copie…

 

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L’université aux USA

L'université aux USA

Image: ©-3desc-Fotolia

 

Au début de mai, mon fils Jérémie va terminer sa quatrième et dernière année à l’université publique Penn State. Tout comme ses soeurs Véronique et Geneviève l’ont fait avant lui. Fierté des enfants, soulagement des parents…

Les chiffres

Pas facile, l’éducation supérieure aux USA… Pourtant, les étudiants ont le choix. Bon an mal an, plus de 4,700 collèges et universités accueillent environ 21 millions d’entre eux, dont un million provenant de l’étranger. College désigne généralement une institution offrant des cours sur deux ans. University dispense des cours sur une période de quatre ans.

Pas facile car ça coûte cher. Horriblement cher! Surtout dans les universités privées. Celles-ci sont gérées d’une façon militairement efficace et sont nanties d’un fond monétaire généreusement alimenté par les anciens, appelés alumni. Les frais de scolarité des plus grandes universités américaines s’élèvent en moyenne à près de 200,000$ pour la durée du baccalauréat (frais de livres, logement et subsistance en sus).

Plusieurs employeurs remboursent les frais de scolarité acquittés par leurs employés, en tout ou en partie. Pour sa part, la société Starbucks a mis sur pied un programme unique de paiement complet d’un cours universitaire de quatre ans au bénéfice de ses employés.

Malgré tout, le montant total des prêts étudiants aux USA dépasse le trillion de dollars et excède le montant total des dettes de cartes de crédit.

La demande

Au moins un an avant le début du cycle universitaire convoité, le candidat envoie une demande d’admission dans au moins sept universités. Il y joint une présentation écrite, qu’il a préparée lui-même à l’aide de conseils en ligne… ou qu’il a fait préparer en payant jusqu’à 2,500$ à une firme spécialisée. Souvent obligatoire, cette présentation permet au comité d’admission d’évaluer le candidat sans nécessité de le rencontrer. Vraiment? Certains y ajoutent une présentation vidéo, de qualité souvent inégale.

Une visite guidée des campus universitaires convoités, généralement fort bien organisée, précède l’envoi de ces demandes d’admission.

La réponse

Puis, au printemps précédant l’entrée officielle d’automne, le candidat surveille nerveusement sa boîte aux lettres. Parfois virtuelle, souvent traditionnelle. Car la plupart des universités confirment encore leur acceptation ou refus par l’envoi d’une simple enveloppe. Mais justement, tout dépend de la taille et de l’épaisseur de cette enveloppe. Si elle est grande et gonflée, cela signifie qu’elle contient non seulement la lettre d’acceptation, mais aussi la trousse d’accueil et mille renseignements utiles. Par contre, si l’enveloppe est petite et plate, cela veut dire que la lettre de refus qui s’y cache fait état d’un simple non et de mille regrets.

Récemment, une jeune candidate de 17 ans, au sens de l’humour développé, a fait parvenir à l’université Duke une lettre de rejet du refus universitaire de l’accepter. Sa lettre a enflammé les réseaux sociaux.

Le taux d’acceptation varie énormément d’une université à l’autre. De toute évidence, plus l’université est reconnue, plus le taux d’acceptation est faible. Par exemple, il n’est vraiment pas facile d’être admis au sein de l’une des huit plus prestigieuses universités américaines, membres de la Ivy League. Pourtant, il y a quelques semaines, un exploit rarissime est survenu quand un jeune étudiant a été accepté dans ces huit temples du savoir.

La graduation

Quatre ans plus tard, après avoir épuisé toutes les ressources financières de ses parents ou s’être endetté pour les 20 années suivantes, l’étudiant est convié à la traditionnelle cérémonie de graduation. Divers conférenciers au prestige variable y prononcent des allocutions plus ou moins suivies par les étudiants.

Toutefois, deux présentations figurent parmi les plus mémorables.

La première fut prononcée en 2005 à l’Université Stanford par le regretté Steve Jobs, cofondateur et dirigeant de la société Apple, mais aussi célèbre drop out universitaire:

La seconde fut prononcée en 2013 par un étudiant de 2ième année en génie de l’Université Georgia Tech:

La surprise

Fiston Jérémie vient de m’annoncer que sa demande d’admission au niveau de la maîtrise a été acceptée par la University of Pennsylvannia, membre de la fameuse Ivy League. D’une voix à peine audible, il a ajouté que les frais de scolarité s’élèvent à 65,000$ pour un an.

Pour me détendre, je suis allé prendre un café chez Starbucks…

 

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Ah les femmes…

Ah les femmes...

Image: © Unclesam – Fotolia.com

 

La Journée internationale de la femme est célébrée annuellement le 8 mars dans presque tous les pays du monde. Aux USA, c’est en 1909 que cette célébration a pris naissance, à l’initiative du Parti socialiste d’Amérique. Le 8 mars 1977, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a ajouté cette journée à sa liste de journées internationales.

Malgré tout, les femmes auraient parfois besoin de beaucoup plus qu’une journée…

 

Puissance des femmes

Aux États-Unis, on compte de plus en plus de femmes à la tête de grandes entreprises ou occupant des postes élevés au sein d’organismes gouvernementaux ou de charité. Parmi celles-ci, on compte Janet Yellen (présidente de la U.S. Federal Reserve), Melinda Gates (co-présidente de la Bill & Melinda Gates Foundation), Mary Barra (CEO de General Motors), Sheryl Sandberg (COO de Facebook), Virginia Rometty (CEO d’IBM), Susan Wojcicki (CEO de YouTube, Google) et Indra Nooyi (CEO de PepsiCo).

Dans le domaine du divertissement, on retrouve notamment les populaires animatrices Oprah Winfrey et Ellen DeGeneres, ainsi que les chanteuses Madonna, Lady Gaga et Taylor Swift.

Au niveau politique, il y a bien sûr Hillary Rodham Clinton. Il y a 20 ans, lors de la 4ième conférence internationale sur les femmes, madame Clinton a prononcé un discours mémorable, intitulé « Women’s Rights are Human Rights » (vidéo et texte). Pourtant aujourd’hui, alors que cette dame est vraisemblablement sur le point d’annoncer sa candidature afin de représenter le parti Démocrate dans la course à la présidence américaine en 2016, les journalistes continuent de parler de sa tenue vestimentaire, de la couleur de ses cheveux, et de ses rides faciales.

Depuis la moitié du 20ième siècle, plus de 80 pays ont eu une femme à leur tête. Les USA n’en font pas partie. Et quand ce sera le cas, la nouvelle présidente doit s’attendre à être affublée d’une multitude d’épithètes négatives, contrairement à ses prédécesseurs masculins…

 Crédibilité des femmes

En 1991, le président George H.W. Bush a nommé monsieur Clarence Thomas afin de siéger à la Cour Suprême des États-Unis. Après l’audition de confirmation de Thomas devant le Sénat américain, la presse a dévoilé le contenu d’une entrevue accordée au FBI par madame Anita Hill, ancienne employée de Thomas. Elle y dévoile en détail le harcèlement sexuel constant de ce dernier envers elle. Puis Madame Hill fut appelée à témoigner devant le comité sénatorial. Enfin elle accepta de passer et réussit un test de polygraphe. Pour sa part, Thomas refusa de passer ce test et invoqua la discrimination basée sur la couleur de sa peau. Par un vote sénatorial très serré (52-48), la nomination de Thomas fut confirmée. À ce jour, Thomas est toujours l’un des neuf juges de la Cour Suprême des États-Unis…

En date d’aujourd’hui, près de 35 femmes accusent le comédien Bill Cosby de les avoir droguées et agressées sexuellement. Ces événements seraient survenus sur une période de plus de 40 ans. Ces femmes proviennent de divers horizons professionnels et ne se connaissent nullement. Parmi celles-ci, on compte notamment des actrices, mannequins, journalistes, avocates et infirmières. Mais à ce jour, Cosby n’a toujours pas été accusé devant une cour criminelle. Il a par contre réglé hors cour plusieurs actions civiles intentées contre lui par certaines présumées victimes. Le 21 janvier 2015, s’exprimant sur le scandale Cosby, l’ex-animateur de télévision Jay Leno, fort connu aux USA, déclara : «Je ne sais pas pourquoi il est si difficile de croire les femmes. Vous allez en Arabie Saoudite et vous avez besoin de deux femmes pour témoigner contre un homme. Ici aux USA, vous en avez besoin de 25»…

 

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Prédictions américaines

Prédictions américaines

Image: xtockimages – 12rf.com

Aux États-Unis, on adore les prédictions. En tout temps. On respecte le passé, on vit le présent, on prédit le futur.

L’industrie du futur vend et fait vendre. Les prédictions sont parfois justes, quelquefois étonnantes, souvent drôles.

Prédictions politiques

Depuis des temps immémoriaux, les élections américaines soulèvent les passions et nourrissent les firmes de sondage. La justesse des prédictions incite les politiciens à ajuster leur discours, et les électeurs à ajuster leur écoute.

Généralement fantaisistes sont les prédictions des politiciens.

L’une des plus célèbres fut celle du président Georges W. Bush, le 1er mai 2003. Sur le porte-avions nucléaire USS Abraham Lincoln, il prononça son fameux discours Mission accomplie, annonçant la fin de la guerre en Irak. Cette prétention fut démolie par la suite de l’histoire et par de nombreux critiques. Pourtant, ce même président nous avait habitué à ses prédictions erronées, telle la présence d’armes de destruction massive en Irak. Armes toujours invisibles à ce jour.

Prédictions sportives

Prédire l’issue finale d’un match sportif est une activité fort prisée aux USA. Plusieurs amateurs font partie  de groupes informels et gagent quelques dollars. D’autres en font un métier, celui de bookmaker. Aux États-Unis, il est illégal d’accepter des gageures sur le résultat de matchs sportifs, sauf dans quatre États: Nevada, Oregon, Delaware et Montana.

Le hasard n’étant pas toujours fiable, certains bookmakers ont tenté d’influencer le sort de parties importantes. En 1919, un bookmaker professionnel a versé un total de 80,000$ à huit joueurs de baseball, membres de l’équipe des White Sox de Chicago, pour que ceux-ci laissent l’équipe des Reds de Cincinnati gagner les Séries mondiales. Bien sûr, ces joueurs furent subséquemment bannis à vie du baseball majeur américain. Tout comme le fut Pete Rose, joueur étoile et ensuite instructeur des Reds de Cincinnati, pour avoir gagé sur l’issue de matchs de baseball, dont certains impliquant l’équipe qu’il dirigeait.

Prédictions météorologiques

L’industrie du futur météorologique est à son paroxysme aux USA. Presque la moitié du contenu des bulletins de nouvelles comporte des analyses, reportages, graphiques, statistiques, images et archives relatifs à la future température.

Le peuple est friand de ces prédictions et aussi de ceux qui les font. Par exemple, le présentateur météo Al Roker, de la chaîne NBC, est immensément connu et fort apprécié aux USA.

Même si l’industrie de la mesure météo s’est perfectionnée au fil des ans, il arrive qu’elle fasse des erreurs. Cela peut entraîner d’importantes conséquences, notamment au niveau financier. En janvier 2015, le maire de New York a carrément “fermé” sa ville, prétextant une immense tempête de neige le lendemain. Pendant une journée entière, la ville fut donc paralysée même si quelques centimètres de neige seulement sont tombés. Cette erreur a empêché des millions de New Yorkais de gagner leur vie, et des milliers d’entreprises de faire des affaires. Le risque, c’est que la prochaine fois, les gens croient encore moins leurs politiciens (si cela est possible).

Prédictions entrepreneuriales

Par définition, l’entrepreneur veut entreprendre. Le plus rapidement possible.

Lorsqu’il trouve une marque pour le produit ou service qu’il veut vendre, il désire généralement la protéger partout aux USA et commencer à l’utiliser sans aucun délai. Il nous consulte donc et nous demande: “Quelles sont mes chances d’obtenir l’enregistrement de la marque?

Autrement dit, ce client nous demande de prédire l’avenir.

Or c’est presque impossible. Bien sûr, une recherche approfondie dans le registre des marques américaines va nous fournir une indication importante sur la présence ou non de marques déposées pouvant porter à confusion. Le problème, c’est qu’une marque peut exister sans avoir fait l’objet d’un dépôt audit registre. Par exemple, quelqu’un tout au fond de l’Arkansas peut très bien utiliser une marque depuis 30 ans sans l’avoir déposée au registre fédéral. Et selon les experts, il aura priorité. Pourquoi? Parce qu’un certificat d’enregistrement de marque ne crée pas un droit de propriété. Il reconnaît un droit existant.

L’industrie de l’avenir fournit rarement une garantie à ses clients…

 

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Visa ou MasterCard?

Image: © almoond / 123RF.com

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Selon le site creditcards.com, l’utilisation des cartes de crédit est immensément répandue aux USA. La dette moyenne découlant de leur utilisation varie entre 5,000$ et 8,000$ par détenteur. L’Américain moyen possède au moins trois cartes de crédit. Toutefois, la récession de 2008 a réveillé bien des consommateurs et la jeunesse d’aujourd’hui est moins portée vers ces bouts de plastique financier. Nouvelle humilité financière?

Humilité personnelle

En 1999, j’arrive aux États-Unis avec famille, auto, meubles et… carte de crédit canadienne! Vite assommé par les frais de conversion de devises, je décide de faire une demande de carte de crédit américaine. Pas facile de choisir parmi les 150,000 offres de cartes qui jonchent quotidiennement ma boîte aux lettres. Surtout quand on ne connaît pas les émetteurs américains et leur réputation, et qu’aucune loupe n’est assez puissante pour décrypter les caractères lilliputiens de leurs modalités obligatoires.

Je choisis donc aveuglément l’émetteur MBNA (subséquemment acquis aux USA par Bank of America). Gonflé d’orgueil grâce à mon titre d’avocat et ma carte canadienne d’une limite de 10,000$, je m’imagine que ce sera facile d’obtenir une carte américaine. Faisant toutefois preuve d’un rare instant d’humilité, je demande une limite de crédit initiale de 500$ seulement. Puis, je poste ma demande.

Deux semaines plus tard, une lettre de refus assombrit mon visage. « Sûrement une erreur de l’ordinateur », me dis-je, délesté d’une couche d’orgueil. Je renvoie donc une nouvelle demande au même émetteur. Après deux semaines, le postier m’apporte une réponse similaire. Allégé de deux autres couches d’orgueil mais têtu comme un âne, je poste une troisième demande. Quelques jours plus tard, un préposé de MBNA, sûrement fatigué de recevoir mes demandes, me contacte par téléphone : « Monsieur Allard, vous n’avez aucun historique de crédit aux USA. Absolument rien sur vous dans les registres des trois grandes sociétés de renseignement de crédit : Equifax, Experian et Trans-Union ».

Armé d’un accent français à trancher au couteau, je lui rétorque poliment que je viens d’arriver dans son pays, en provenance directe du Canada. Il s’exclame aussitôt : « Monsieur Allard, il n’y a donc aucun problème. Nous allons demander à notre filiale canadienne de nous fournir un rapport de crédit à votre sujet. Puis nous vous recontacterons sans délai. »

Deux semaines plus tard, je reçois par la poste une superbe carte de crédit américaine, d’une limite de… 25,000$!

Humilité professionnelle

En 2001, je décide de fonder la société CorpoMax. Outre ma soif d’entrepreneur et ma volonté de réussir sur le sol américain, je n’ai absolument rien. Je pars véritablement de zéro. Parmi les bons conseils d’un ami américain, je retiens celui-ci : offrir une multitude de moyens de paiement à mes futurs clients. Je fais donc une demande pour obtenir un compte-marchand de carte de crédit (généralement appelé « contrat VAD » en Europe). Deux demandes doivent être faites : l’une au consortium Visa/MasterCard/Discover, l’autre à American Express (Amex).  Après avoir rempli leurs nombreux formulaires, je reçois leur acceptation quelques semaines plus tard. CorpoMax peut donc désormais accepter des paiements par carte de crédit!

En ce qui concerne Amex, ma joie dure… deux semaines. En effet, je reçois une seconde lettre de cette société, laquelle m’indique qu’Amex a décidé de mettre fin à nos relations contractuelles. Aucun motif n’est fourni. De mon côté, aucune transaction impliquant ce type de carte n’a encoré été effectuée. Je contacte donc Amex par téléphone pour obtenir de plus amples explications. Impossible.

Troublé par cette situation, je demande à mon banquier d’envoyer une lettre à Amex afin de confirmer que je suis une personne merveilleuse, d’une honnêteté scrupuleuse, et que mes larmes d’entrepreneur cesseront immédiatement de couler si Amex reconsidère sa décision. Mon banquier ne reçoit aucune réponse à sa lettre.

Humbles leçons

Après plus de 16 ans sur le sol américain et près de 14 ans à la tête de CorpoMax, je peux maintenant affirmer sans sourciller que ces deux expériences m’ont énormément enrichi.

Au niveau personnel, j’utilise plusieurs cartes de crédit. L’une pour les points offerts, l’autre pour l’absence de frais à l’étranger, une autre encore pour les avantages en avion. Aucune banque, ni émetteur de carte, ne mérite une quelconque loyauté de ma part. Diviser pour régner. Jamais tous mes œufs dans le même panier.

Au niveau professionnel, je suis inondé d’offres de comptes-marchand… Amex depuis 2001 ! Mais jamais plus, je n’ai fait de demande à cette société. D’ailleurs, de nombreux commerçants américains n’acceptent pas cette carte, se contentant d’accepter celles émises par le trio Visa, MasterCard et Discover. Pourquoi? Parce que les frais de transaction facturés par Amex à ses marchands sont beaucoup plus élevés que ceux à verser au trio. De plus, aux USA, c’est bien connu par les commerçants: tout titulaire d’une carte Amex a aussi une carte Visa, MasterCard ou Discover dans son portefeuille…

 

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Obésité américaine

Image: © sjhuls / 123RF.com

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Aux États-Unis, l’obésité est un grave problème. Depuis les années 1970, les taux d’obésité ont plus que doublé. Aujourd’hui, près de 70% des adultes ont un surplus de poids ou sont obèses. La situation n’est guère plus reluisante chez les enfants: plus de 30% ont un surplus de poids ou sont obèses. Pas très étonnant…

Service à l’auto

Au pays de l’Oncle Sam, on met tout en œuvre pour que les potentiels clients ne bougent pas. Du moins avec leurs jambes. Le service à l’auto est sûrement l’un des déclencheurs de l’obésité américaine. Depuis le début des années 30, on vous incite de mille et une façons à ne pas sortir de votre habitacle motorisé.

Banques

Les clients, confortablement affaissés sur le siège de leur véhicule, ont souvent le choix entre deux ou trois guichets extérieurs. Un système de tubes propulsés par air dans des tuyaux permet aux immobiles de déposer ou recevoir de l’argent, souvent au détriment des clients ayant franchi la porte de la succursale bancaire. Combien de fois ai-je dû attendre parce que le guichetier était occupé à servir un client extérieur.

Restaurants

Une douzaine, SVP...

Une douzaine, SVP…

Popularisé par les établissements de restauration rapide, le concept de service à l’auto a été repris par les fournisseurs de café matinal. Même certains restaurants traditionnels, tels le steakhouse Outback, offrent un service à l’auto de repas complets à emporter.

Pharmacies

Le médecin envoie électroniquement sa prescription de médicaments à notre pharmacie préférée. Peu après, un texto sur notre téléphone nous informe que les médicaments sont prêts. Après le bureau, on va quérir ceux-ci sans quitter notre véhicule.

Stations d’essence

Il existe deux États américains où l’essence doit obligatoirement être versée par un pompiste: le New Jersey et l’Oregon. Bon pour l’emploi, moins pour l’embonpoint… On profite de l’occasion pour pénétrer dans un lave-auto, afin que reluise la voiture sans aucun effort de notre part.

Bureaux de poste

Au moyen de guichets extérieurs, certains bureaux offrent divers services postaux aux automobilistes pressés, sans besoin pour ceux-ci d’aller se mettre en ligne au comptoir.

Liquor Stores

Dans certains États, dont l’Arizona, on peut aller quérir vin, bière et liqueurs fortes en entrant littéralement dans le magasin avec sa voiture.

Hôpitaux

Il est possible de se faire vacciner contre la grippe, sans sortir de la voiture. Le préposé médical nous pique sur place, sans délai inutile.

Églises

© Larry D. Moore CC BY-SA 3.0

© Larry D. Moore CC BY-SA 3.0

À Las Vegas, on peut se marier tout en demeurant assis dans la voiture nuptiale.

Confessions et prières peuvent aussi être effectuées dans le confort de votre voiture, prêtre ou pasteur divinement livré à votre portière.

Jardins zoologiques

Dans plusieurs zoos, ce sont désormais les animaux qui nous regardent déambuler parmi eux, en sécurité dans notre voiture.

Salons funéraires

Certains salons funéraires offrent aux automobilistes éplorés la possibilité de voir le cercueil du trépassé à travers une vitre.

Cinémas

Plusieurs cinémas offrent des repas complets, servis dans la salle de projection, sans déplacement des cinéphiles. Durant tout le film, les serveurs prennent les commandes, livrent les plats, enlèvent les assiettes, reçoivent les paiements. Et ce, sans compter le bruit des ustensiles métalliques, la vue bloquée par les serveurs et leurs chuchotements avec les clients. J’ai vécu l’expérience… une seule fois. Plus jamais!

Livraison à domicile

Grâce ou à cause d’Internet, la livraison de biens à domicile explose. Les firmes de livraison sont surchargées de colis, encore plus durant la période allant de la Thanksgiving à Noël. Le service postal assuré par le USPS livre des colis pour Amazon sept jours sur sept.

Et très bientôt, si on commande un produit le matin, on le recevra durant l’après-midi, par camion. Ou en 30 minutes par drone

 

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Charité américaine Ltée

Image: designaart / 123RF.comAux États-Unis, environ 1.5 million d’organisations à but non lucratif – NonProfit Organizations ou NPO – sont inscrites auprès de l’Internal Revenue Service (IRS). Parmi celles-ci, se trouvent les organismes de charité, fondations privées, chambres de commerce,  associations, églises et groupements divers. En 2013, selon le National Center for Charitable Statistics et le Urban Institute, les dons privés provenant d’individus, fondations et entreprises furent de 335.17 milliards $US.  Beaucoup, beaucoup d’argent…

Oh $eigneur…

Aux USA, il y a plus de  320,000 congrégations religieuses.

En général, celles-ci peuvent recevoir des dons de charité et ne payer aucun impôt sur ceux-ci. Dans plusieurs cas, les dirigeants de ces lieux du culte exhortent leurs fidèles à verser 10% de leur revenu brut à l’église. Ces contributions, théoriquement volontaires, sont déductibles du revenu des donateurs. En bref, un revenu non imposable pour l’église et une dépense déductible pour le donateur. Divine fiscalité…

Certaines églises sont immensément riches. Connaissez-vous la Church of Jesus Christ of Latter-Day Saints, mieux connue sous le nom « Église mormone »? Ce temple voué à l’adoration divine possède de nombreuses entreprises, toutes plus lucratives les unes que les autres. Parmi celles-ci, on compte des ranchs, stations de radio, société d’assurance, immeubles à bureaux, terrains de stationnement, journaux, station de télévision, et même un méga-centre commercial d’une valeur de 2 milliards $US.

Allô, ici la police

 Un jour, je reçois un appel téléphonique au bureau de CorpoMax, situé à Newark, dans l’État du Delaware:

Monsieur Vincent Allard?

Oui, c’est bien moi.

Ici le sergent Smith, du service de police.

Puis l’individu fait une pause, laissant l’effet de surprise s’instiller rapidement dans mon cerveau inquiet. Serait-il arrivé quelque chose de fâcheux à l’un des miens?

Il continue:

Soyez rassuré, il n’y a rien de grave. Vous appréciez votre service de police?

Mmmm…

Nous faisons une levée de fonds pour venir en aide à (compléter selon votre inspiration). Je suis sûr qu’il vous fera plaisir de contribuer à cette levée de fonds.

Au lieu de déposer des fonds, j’ai plutôt déposé le combiné téléphonique sur son support, sans dire mot.

Au feu!

 Au Delaware, les casernes de pompiers sont souvent la propriété de NPO. En 2013, 92% des 51 casernes de pompiers ont déclaré au IRS avoir en mains des fonds variant de 5$ à 1.4 millions $US. Certaines casernes ont des placements pouvant aller jusqu’à 2.5 millions $US.

De plus, en 2008, une enquête du News Journal du Delaware a démontré que les casernes ne dépensaient que 80% des donations du peuple, conservant 20% pour fins de placement…

Universités

Les Américains ayant eu la chance d’étudier dans les meilleures (?) universités se sentent généralement redevables envers leur alma mater. Ils n’hésitent donc pas à délier les cordons de leur bourse dans le cadre de campagnes de financement.

En 2012, sept des dix plus importantes NPO américaines, toutes catégories confondues,  étaient des universités, en termes d’actifs.  Tout en haut de cette liste : l’université Harvard, avec des actifs bruts de 56,370,683,000 $US. Oui, vous avez bien lu : plus de 56 milliards de dollars américains…

Par contre, en termes de dons qu’elle effectue elle-même, cette institution connue mondialement n’est pas en tête de liste.  C’est plutôt l’Université de Pennsylvanie, avec des actifs bruts de plus de 13.5 milliards $US, qui a redistribué le plus important montant parmi les institutions du savoir, avec près de 5 milliards $US en dépenses.

Étudiants

Depuis bientôt quatre ans, mon fils Jérémie fréquente la Penn State University. Il a sagement suivi les traces de ses sœurs Véronique et Geneviève, toutes deux graduées de cette université publique de l’État de Pennsylvanie.

Cette année, tout comme l’an dernier, fiston s’implique activement dans l’organisation THON. Cette NPO, mise sur pied en 1973 par les étudiants de Penn State, n’a qu’une seule et belle mission : amasser de l’argent au profit des enfants atteints du cancer. Plus de 15,000 étudiants (sur environ 100,000) participent à cet incroyable effort collectif et bénévole. Dès septembre, ils ramassent de l’argent sur le coin des rues, malgré le froid des matins d’automne, malgré les longues heures de quête, malgré les crachats de certains automobilistes mal élevés… Un seul but : aider.

Cette immense effort étudiant culmine en un marathon de danse qui dure 46 heures. Au terme de celui-ci, le montant total versé par les donateurs est alors dévoilé.

THON est l’une des plus importantes NPO étudiantes au monde. En 2014, plus de 13 millions $US ont été récoltés par les étudiants de l’université Penn State. Depuis sa fondation, THON a récolté plus de 114 millions $US au bénéfice des enfants malades.

Quelle extraordinaire façon de bâtir nos adultes de demain!

 

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Intimidation aux USA

Image: © Piumadaquila - Fotolia.com

Image: © Piumadaquila – Fotolia.com

 

De plus en plus, on parle de l’intimidation et de ses effets destructeurs. Aux USA, l’intimidation est omniprésente. Sous une multitude de formes. En voici quelques-unes…

Intimidation scolaire

Un jour, je demande à mon fils Jérémie, alors âgé de 12 ans, s’il a été ou est victime d’intimidation (bullying) à son école. Il me répond non, mais je sens une certaine hésitation. Puis, après quelques autres questions, il m’avoue qu’un de ses collègues lui crache dessus, à sa sortie de l’autobus scolaire, depuis… 6 mois! Mais, comme bien des victimes d’intimidation, il prend la défense de son agresseur : « Oui mais papa, il a des problèmes dans sa tête ». Oui, définitivement! Outré, je rencontre le directeur de l’école dès le lendemain matin. Celui-ci prend les choses en main et règle la situation.

Intimidation vidéographique

Si ridicule soit-elle, la mode actuelle est de filmer une agression physique d’un ou plusieurs étudiants envers un autre, puis de télécharger l’œuvre digitale sur des sites de partage vidéo. Avides d’une gloire éphémère, ces futurs adultes sèment le résultat de leur folie passagère et répandent les méfaits de leur intimidation.

Encore plus ridicule est l’absence de réaction des sites de partage vidéo, qui ne font presque rien pour enlever rapidement ces vidéos. Ou encore les journaux en ligne qui affichent ces vidéos et les laissent accessibles pendant des semaines, au nom de la liberté de presse.

Intimidation fiscale

Aux USA, la majorité des enquêtes fiscales sont menées par des employés de l’Internal Revenue Service (IRS). Toutefois, certaines enquêtes plus complexes sont effectuées par des équipes spécialisées, dont font partie certains agents du Federal Bureau of Investigation (FBI).

Donc, si vous avez une société américaine et que l’IRS vous prévient qu’une enquête fiscale va sous peu démarrer à son sujet, ne soyez pas étonnés de voir un agent du FBI s’installer dans vos bureaux, avec sa calculatrice… et son arme de service!

Intimidation politique

Ce qui est fascinant aux USA, c’est la dichotomie entre le discours des politiciens condamnant l’intimidation scolaire et leur propre comportement durant les campagnes électorales.

Leurs annonces télévisées sont éloquentes. La publicité négative à l’endroit d’un candidat, payée par son adversaire ou par des groupes aux intérêts opposés, est monnaie courante. Images sombres, typographie rouge sang, musique dramatique : tout y est pour tenter de vous faire croire que l’autre est un déchet humain.

Intimidation judiciaire

Deux exemples parmi tant d’autres…

La société Nissan Motors, qui fabrique des automobiles, a eu le malheur de ne pas réserver le nom de domaine nissan.com . C’est plutôt une petite société, Nissan Computer, qui l’a fait en premier. Malheur à cette dernière, qui fut ensuite la victime d’une vendetta tout azimut de Nissan Motors. Autrement dit, David contre Goliath. Pendant des années, Nissan Motors a poursuivi Nissan Computer en justice afin d’obtenir le nom de domaine tant convoité. Cela a coûté une fortune à cette dernière afin de défendre ses droits, mais elle a finalement gagné. Pour sa part, Nissan Motors a dû se rabattre sur un nom de domaine moins attrayant : nissanusa.com .

Depuis 1936, le magazine Consumer Reports est une référence de qualité aux USA en matière de protection des consommateurs. En 1988, ce magazine a publié un reportage peu flatteur sur le véhicule Suzuki Samouraï. Vexé, son fabricant intenta une action judiciaire en 1996 (soit 8 ans plus tard…) et réclama plus de 60 M$US en dommages. Se défendre coûta une fortune à Consumer Reports, organisme sans but lucratif, qui dût faire appel à la générosité de ses abonnés et lecteurs pour défrayer ses frais judiciaires. En 2004, Suzuki retira son action judiciaire et le dossier fut tout bonnement fermé. Notons que Consumer Reports, bien que poursuivi de temps à autre par des fabricants mécontents, n’a jamais été condamné par une cour de justice, et n’a jamais réglé un dossier hors cour pouvant impliquer le versement d’une quelconque somme d’argent de sa part.

Intimidation matinale

Depuis mon arrivée aux USA en 1999, presque tous les matins, je vais quérir le News Journal au magasin du coin, situé dans un petit centre commercial extérieur, entouré d’un vaste stationnement. J’immobilise toujours mon véhicule au même endroit, à côté d’un emplacement réservé aux personnes handicapées. L’endroit en question n’est pas en soi un espace de stationnement. Mais il ne gêne en rien la circulation. D’autant plus que j’y reste environ 15 secondes.

Récemment, fidèle à ma routine matinale, je sors donc de ma voiture et me dirige vers le magasin. Je vois un homme se diriger lui aussi vers ce même magasin. Puis, soudainement, il m’apostrophe : « Avez-vous le droit de vous stationner à cet endroit? Je ne vois rien qui vous autorise en ce sens ». Peu habitué d’entendre de tels sons aussi tôt le matin et surtout dérangé dans ma bulle post-nocturne, je ne dis mot à ce pseudo-policier et entre dans le magasin. Le quelconque quidam me suit et sort littéralement de ses gonds, devant la caissière et deux clients médusés: « Pour qui tu te prends? Tu es un trou du c…! As-tu compris? Un trou du c…! » La caissière, qui me connaît depuis 15 ans, et les autres témoins sont tout simplement estomaqués par la violence de l’intervention. Pas moi. Ayant plaidé plus de 300 procès au Canada, j’ai une certaine habitude de ce genre d’individu. D’autant plus qu’il sent l’alcool à plein nez à 8h00 le matin… Je le regarde calmement dans les yeux (injectés de sang), puis je paye le journal, remercie la caissière et quitte sans mot dire.

Conclusion

Au moins trois leçons à tirer:

1) Ne jamais accepter l’intimidation, peu importe sa forme

2) Dénoncer l’intimidation envers soi et envers les autres

3) Comprendre que la violence est la force des faibles…

 

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Silence, on écrit!

Image: © Alex White – Fotolia.com

Image: © Alex White – Fotolia.com

Aux USA, les gens communiquent de plus en plus entre eux. Mais ils se parlent de moins en moins. Désormais, on écrit pour ne rien dire…

Les récentes statistiques américaines sont bouleversantes:

– 80% des Américains qui possèdent un téléphone mobile envoient des messages-texte ou SMS (Short Message Service);

– les SMS sont lus 5 secondes après leur réception et répondus 2 secondes plus tard;

– 54% des consommateurs ayant grandi avec un téléphone mobile préfèrent envoyer un SMS plutôt que parler.

Dans bien des cas, le clavier informatique ou téléphonique a remplacé la bouche. Pourtant, la communication verbale (160 mots/minute) est beaucoup plus enrichissante et plus rapide que la communication écrite (40 mots/minute).

Bouches closes

Un jour, je reçois un courriel d’une personne désirant créer une société aux USA par l’intermédiaire de CorpoMax. Je lui envoie immédiatement notre courriel usuel de présentation, truffé d’informations utiles. Dans celui-ci, je l’invite à me contacter par téléphone (ou Skype vocal) ou encore à m’indiquer le numéro de téléphone où je peux la joindre.

L’intéressée m’écrit de nouveau, ne souffle mot sur mon invitation à communiquer, et me soumet 22 questions numérotées. De nouveau, je lui écris et lui indique qu’il me fera grand plaisir de lui répondre au téléphone. Sa réponse, toujours écrite, suit immédiatement: « Pour l’instant, je préfère que nos communications se fassent par écrit… »

Bouleversé, je suis.

Je lui réponds poliment que le temps étant une ressource limitée et non renouvelable, je ne peux malheureusement pas répondre à ses questions par écrit. En effet, certaines réponses demandent un développement important. Toutefois, je l’invite de nouveau à me contacter par téléphone, lui réitérant qu’il me fera plaisir de répondre à ses questions verbalement.

Jamais eu de nouvelles.

Ce potentiel client aurait eu accès à une mine de renseignements, tout à fait gratuitement, s’il avait accepté de parler (pour exposer son projet) et d’écouter (mes réponses adaptées à son projet).

Bouches à louer

Désormais, on offre des voix à ceux qui ne veulent pas utiliser la leur.

Par exemple, le site américain Fiverr.com offre des services de voix hors champ (voiceover) pour accompagner des vidéos corporatifs.

Pourtant, il est impossible de parler aux prestataires de ces services. Tout échange avec ceux-ci doit se faire exclusivement par écrit, via la messagerie interne de Fiverr.

Bouches indésirables

Il y au moins deux types d’appels téléphoniques qui font suer le peuple aux USA.

Tout d’abord, les appels préenregistrés.

Vu l’inexorable passage du temps et son effet dévastateur sur ma personne, je dois malheureusement rencontrer mon médecin de temps à autre. La veille d’un quelconque rendez-vous, je reçois trois rappels : un courriel, un SMS et un appel téléphonique préenregistré. Tous reçus en moins d’une minute. Bref, comment devenir cardiaque grâce à son médecin…

Ensuite, les appels automatisés.

Relativement faciles à détecter : une pause de 1-2 secondes suit ma réponse téléphonique. Puis, un humain demande à parler « au responsable des achats » ou « au département IT ». Parfois, on demande à parler à « Vincent Allard », nom faisant sûrement partie d’une liste achetée des banques, bureaux de crédit ou autres fournisseurs insignifiants. Avant leur laïus de vente, on me demande invariablement comment je me porte. Comme si cela leur importait.

Au début, étant bien élevé, je leur mentionnais mon manque d’intérêt pour leur proposition commerciale. Après 15 ans aux USA, je ne perds plus de temps avec ces appels nullement sollicités : je raccroche sans dire un mot.

Bouches inatteignables

Avez-vous déjà tenté de contacter le service à la clientèle de Google, Gmail ou YouTube par téléphone? Impossible. Je vous mets au défi de trouver leur numéro de téléphone. Aucun moyen de parler à un humain.

La seule exception : vous êtes un client « payant » (ex : les annonces Google Adwords, telle que l’annonce vidéo de CorpoMax). Dans un tel cas, vous pouvez parler à un employé en moins de 5 secondes.

Plusieurs grandes sociétés américaines ont mis au point un système téléphonique fort éprouvant pour leurs clients avides de renseignements. A l’aide du clavier téléphonique ou de la reconnaissance vocale, on doit répondre à une série de questions pendant 10 minutes avant de pouvoir parler à un humain.

Lorsque CorpoMax doit obtenir du IRS (Internal Revenue Service) un numéro fiscal américain (EIN) pour les sociétés créées par son entremise, il faut parfois attendre une heure au téléphone avant de pouvoir parler au préposé gouvernemental.

Bouches incompréhensibles

Plusieurs grands groupes américains ont délocalisé leur service à la clientèle, présumément afin de réduire leurs coûts de main-d’oeuvre. La personne qui vous répond est désormais basée en Inde, au Pakistan, aux Philippines, ou partout ailleurs qu’aux USA. Encore récemment, la société Dell offrait deux niveaux de service téléphonique : régulier (quelqu’un va vous parler, gratuitement) ou premium (quelqu’un basé aux USA va vous parler, moyennant paiement).

Le problème avec certains préposés basés à l’étranger, c’est que leur accent anglais est absolument incompréhensible. Cela crée donc des conflits et une perception négative envers l’entreprise concernée.

Conclusion

Très bientôt, votre bouche va devenir complètement désuète. Il est donc inutile de me contacter par téléphone pour en discuter. Un simple courriel, SMS ou commentaire au bas de ce blog sera suffisant…

 

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Insécurité bancaire aux USA (2 de 2)

Image: © Mariia Pazhyna - Fotolia.com

Image: © Mariia Pazhyna – Fotolia.com

Les banques américaines nous rappellent sans cesse d’avoir à cœur la sécurité de nos transactions bancaires. Le mot Security se trouve sur chaque page de leur site web. On nous demande de changer régulièrement notre mot de passe, de ne le dévoiler à personne, etc. Toutefois, la plupart de ces banques n’agissent nullement en fonction de ce qu’elles prêchent.

Faible sécurité bancaire en ligne

Récemment, je décide de faire un test concernant l’accès en ligne au compte bancaire de CorpoMax. Tenons pour acquis que le mot de passe usuel est GOgo123. J’entre plutôt le mot de passe gogo123. Et hop! J’ai aussitôt accès au compte bancaire. Autrement dit, le système d’accès de la banque ne fait aucune distinction entre les majuscules et les minuscules.

J’écris donc à la banque et lui rappelle que nous sommes en 2014, non plus en 1980. Aujourd’hui, un mot de passe efficace doit être constitué de minuscules, majuscules, chiffres et caractères spéciaux (!, ?, $, %, etc.). Or, en plus de ne faire aucune distinction entre minuscules et majuscules, cette banque n’autorise pas l’utilisation de caractères spéciaux dans un mot de passe.

La banque me contacte par téléphone et m’indique que sa façon de faire permet le e-banking par téléphone (qui ne permet pas les majuscules et caractères spéciaux). D’ailleurs, plusieurs grandes banques américaines fonctionnent encore de cette façon.

Bizarrement, la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), qui garantit chaque compte bancaire américain jusqu’à 250,000$US et qui régit scrupuleusement ces mêmes banques, incite les consommateurs à créer un mot de passe solide sur leur téléphone mobile: « ...create a « strong » password (consisting of unusual combinations of upper- and lower-case letters, numbers and symbols)… » 

Pour ma propre sécurité bancaire

Mon expérience depuis plus de 15 ans aux USA m’a enseigné au moins trois choses au niveau bancaire :

1) Faire affaires avec une banque qui comprend le mot « sécurité »

Sans en faire la promotion, je peux vous assurer que Bank of America s’élève au-dessus de la mêlée en termes de sécurité Internet.

Pour cette banque, les mots de passe GOgo123 et gogo123 sont différents l’un de l’autre.

De plus, elle offre à ses clients la possibilité de mettre en place l’extraordinaire « 2-step Verification System » qui ajoute un niveau additionnel de sécurité. Pour accéder à mon compte bancaire via Internet, je dois inscrire un numéro de 6 chiffres reçu sur mon téléphone mobile, en plus de mon nom d’usager et mon mot de passe. J’ai d’ailleurs implanté ce système partout où il est offert, notamment Google (Gmail), PayPal, Apple, Facebook et Twitter.

2) Faire des achats sur Internet au moyen d’une carte de crédit à usage unique

Lorsque j’achète un bien ou service d’un marchand peu connu, je demande à Bank of America de me créer un numéro de carte de crédit unique, qui ne servira que pour une seule transaction et pour un montant déterminé. Ce service en ligne, appelé ShopSafe, est aussi très utile lorsque je m’abonne à un service au renouvellement annuel (ex : abonnement à un magazine). Ainsi, ce numéro de carte ne pourra pas être utilisé un an plus tard, lors d’un renouvellement automatique non désiré.

3) Contrôler l’accès à mon dossier de crédit

L’usurpation d’identité est un grave problème aux USA. Plusieurs crétins ouvrent des comptes bancaires et obtiennent du financement en prétendant être une autre personne, tout simplement au moyen de fausses cartes d’identité. Et souvent, ils connaissent le numéro de sécurité sociale de leurs victimes.

Or, aux USA, le système de crédit à la consommation repose essentiellement sur les informations colligées par trois sociétés de crédit, appelées Credit Bureaus: Equifax, Experian et TransUnion. Ces trois mousquetaires du financement sont quotidiennement nourris par des millions d’informations fournies par les banques, institutions de crédit, entreprises et individus. Ils classent, analysent et répertorient les données reçues, puis les revendent à ceux qui en font la demande.

Par exemple, lorsqu’une banque entend prêter une somme d’argent à un client (réel ou usurpateur d’identité), elle va préalablement obtenir un rapport de crédit, souvent en quelques microsecondes, de l’un des trois bureaux de crédit, ou même des trois.

Donc, si le filou joue bien son rôle, il va pouvoir disposer assez facilement d’une somme d’argent parfois appréciable.

La façon la plus efficace d’empêcher cela est de bloquer l’accès à votre dossier de crédit. C’est ce que j’ai fait il y a de nombreuses années.

Désormais, aucune information financière me concernant ne peut être dévoilée par les 3 bureaux de crédit sans que j’ai levé moi-même la barrière y donnant accès. On appelle cela un Security Freeze (gel de sécurité). Tant et aussi longtemps que je ne lève pas la restriction d’accès à mon historique de crédit, Equifax, Experian et TransUnion continuent d’être alimentées par les données financières mais ne peuvent absolument pas les divulguer.

Par exemple, je désire acheter une voiture neuve et profiter du programme de financement offert par le concessionnaire automobile. Avant de finaliser l’achat, j’accède aux trois bureaux de crédit via Internet et lève la restriction d’accès pour une période déterminée (ex: 3 jours). Cela permet au concessionnaire d’accéder aux informations colligées à mon sujet et de vérifier si je suis un risque acceptable. Dès l’expiration du délai de 3 jours, le Security Freeze se remet en place automatiquement.

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Insécurité bancaire aux USA (1 de 2)

Image: © freshidea - Fotolia.com

Image: © freshidea – Fotolia.com

 

Aux États-Unis, on compte environ 6,800 banques commerciales. Parmi les plus connues se trouvent Bank of America, JPMorgan Chase, Wells Fargo et Citibank. Ce grand pays se prétend aussi le maître de l’innovation technologique, notamment au niveau informatique.

Pourtant, il devient de plus en plus risqué de déposer son argent dans une banque américaine…

Fraude bancaire

À cause du volume effarant de transactions bancaires effectuées chaque jour aux USA, le système bancaire fonctionne beaucoup plus sur une base numérique que nominative. Autrement dit, ce qui compte véritablement, ce sont bien plus les numéros (montant du chèque, numéro du compte, numéro de la banque) que les noms (de l’émetteur du moins).

Un jour, la maman de ma progéniture vérifie l’état de son compte bancaire via Internet. Elle constate alors plusieurs débits de 500$ chacun, tous effectués la même journée. Elle en avise aussitôt la banque, qui fait enquête.

Quelques jours plus tard, une « spécialiste » de la sécurité bancaire contacte Suzie. Elle l’informe que des filous ont fabriqué des chèques avec les coordonnées numériques de son compte. En haut à gauche d’un chèque fabriqué,  on y trouve le nom et l’adresse d’une société, en apparence légitime.  Au bas du chèque, ce sont toutefois les coordonnées bancaires du compte de Suzie qui sont imprimées. Et les fraudeurs ont fabriqué des chèques au nom de diverses sociétés.

La prétendue spécialiste demande alors à Suzie : « Avez-vous dévoilé votre numéro de compte bancaire à quelqu’un? » Et Suzie de répondre : « Oui, à toutes les personnes à qui j’ai remis un chèque… »

Bien sûr, la banque a remboursé Suzie.

Insouciance bancaire

Aux USA, trois numéros sont très importants. Le SSN (Social Security Number) est attribué à tout citoyen et résident permanent américain. Le EIN (Employer Identification Number) est attribué à toute entreprise – américaine ou étrangère – faisant affaires sur le sol américain. Enfin, le ITIN (Individual Tax Identification Number) est attribué à tout étranger devant produire un rapport d’impôt aux USA (ex : pour des revenus d’intérêt américains).

Particularité troublante, chacun de ces numéros comporte neuf chiffres. Mais les chances qu’un numéro SSN et un numéro EIN puissent être confondus au cours d’une seule et même transaction bancaire sont d’environ 1 sur des milliers de milliards.

Dans le compte bancaire de CorpoMax, je remarque qu’une somme de 3,500$ a été retirée. Cette transaction a été effectuée au guichet intérieur d’une succursale de la banque, dans laquelle je n’ai jamais mis les pieds. Mon banquier fait enquête et me rappelle : « Le guichetier de la banque – dans une toute autre ville – a fait erreur. Son client s’est identifié avec son SSN. Or, il s’avère que ce numéro est identique au numéro EIN de CorpoMax.» Le client a tout simplement demandé quel était le solde disponible et a décidé de ponctionner une partie de celui-ci. L’employé de la banque, sûrement bien intentionné mais surtout mal formé, n’y a vu que du feu.

Évidemment, la banque a remboursé CorpoMax.

Secret bancaire

Il est étonnant de constater à quel point le système d’accès au compte bancaire d’une société est facile aux USA, du moins afin d’obtenir des informations sur le contenu de celui-ci. Lorsque vous téléphonez à la banque, le préposé vous demande invariablement votre nom, le nom de votre société, son adresse et le numéro de son compte bancaire. Puis, prétendant vous poser une « Security Question », il vous demande quels sont les quatre derniers chiffres du numéro EIN de votre société.releve-corporatif-Floride

Bien que la confidentialité du EIN ne soit pas aussi grande que celle du SSN, on ne le propage pas inutilement. Le numéro EIN est rarement indiqué sur les factures des entreprises, sauf les très grandes. On se sent donc en confiance de fournir les 4 derniers chiffres au préposé bancaire.

Le problème, c’est que certains États américains, dont la Floride, dévoilent sur leur site web le numéro EIN des sociétés y faisant affaires…

(À suivre)

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La langue de mes enfants

La langue de mes enfants - Blog CorpoMax

Image: © carlosgardel – Fotolia.com

Tout immigrant qui se respecte devrait normalement préserver son héritage familial. La langue en fait partie. Pour moi du moins, la préservation de mes racines linguistiques est fondamentale.

De plus, à titre de parent, mon devoir est de transmettre à mes enfants la connaissance et la pratique de la langue française. C’est encore plus vrai depuis que nous avons immigré aux États-Unis en janvier 1999.

La langue de mon fils

Après sa première journée de maternelle aux USA, mon fils Jérémie, âgé de 5 ans, revient à la maison et s’exclame: « Je ne sais pas ce qui se passe, mais ma maîtresse d’école ne me comprend pas quand je lui parle. » Sa maman l’informe qu’ici, les gens parlent anglais et qu’il doit donc s’adapter à son nouvel environnement. « Mais je ne veux pas parler anglais, moi. Je veux parler français! » rétorque le petit déraciné, alors unilingue francophone.

« La raison du plus fort est toujours la meilleure » dit la fable. Quelques semaines plus tard, telle une éponge linguistique, Jérémie parle désormais l’anglais de façon courante, sans réel accent distinctif. Oui, au fait, il en a un. L’accent américain! Son professeur me mentionne que si elle ne savait pas que Jérémie parle français, elle serait tout à fait incapable de le distinguer de n’importe quel autre élève dans sa classe.

Rapidement, le problème initial s’inverse: désormais, Jérémie ne veut parler qu’anglais. « C’est plus facile! » plaide-t-il. J’asseois aussitôt Jérémie sur mes genoux et lui dis: « Mon petit homme, regarde Papa droit dans les yeux. Ici, à la maison, on ne parle que français » . Je lui explique ensuite les fondements de cette loi familiale à saveur martiale. Jérémie comprend rapidement. Il accepte la logique paternelle au sujet de la langue maternelle.

Fiston décide alors de segmenter sa sonorité linguistique. Quelques jours plus tard, ses copains à l’école lui demandent de dire quelques mots en français. Jérémie refuse: « Non, je ne peux pas. À l’école, je parle seulement anglais tandis qu’à la maison, c’est uniquement le français. »

Aurais-je involontairement traumatisé mon fils…?

La langue de mes filles

Toujours en janvier 1999, mes adolescentes de 15 et 14 ans quittent définitivement amis et professeurs de leur école secondaire francophone, située en banlieue de Montréal. Elles commencent alors une nouvelle vie, dans un nouveau pays, dans une nouvelle demeure, sous un nouveau climat, avec de nouveaux amis, mais surtout… dans une nouvelle langue!

Un cours de chimie, c’est déjà éprouvant en français. Imaginez quand vous devez continuer le même cours, en plein milieu de l’année scolaire, mais cette fois-ci en anglais.

Donc, le premier matin, Véronique et Geneviève s’en vont d’un pas pesant et peu rassuré vers leur nouvelle école respective, la première fréquentant une High School et la seconde une Middle School. Un total d’environ 2,500 élèves puisque les deux écoles sont collées l’une à l’autre. Personne ne parle français, sauf un professeur qui enseigne notre langue à l’aide de cassettes audio provenant de Paris. Quelques élèves balbutient un ou deux mots appris durant de rares cours de français: « Bonjour, comment ça va? »

Deux francophones de 15 et 14 ans noyées dans une mer d’anglophones. Imaginez le choc!

Véronique et Geneviève sont rapidement entourées de leurs nouveaux collègues, plutôt curieux de rencontrer des personnes « who come from Canada » . Dans notre nouveau coin des USA, lorsque des immigrants viennent s’implanter, ce sont généralement des Mexicains. D’où les nombreuses questions posées à nos adolescentes. Le problème, c’est qu’elles ne comprennent pas le dixième des questions qui leur sont adressées. Elles sourient d’un air gêné et tentent du mieux qu’elles peuvent de répondre aux rares questions dont elles saisissent le sens. Et en plus, ça parle vite, les jeunes Américains!

Les premiers mois sont ardus. Nos filles en arrachent. Elles doivent travailler très fort. Mais cela en vaut la peine.

Un an après leur arrivée, Véronique et Geneviève parlent désormais très bien l’anglais, en plus de le lire et de l’écrire sans problème. Et, en prime, nos teenagers apprennent l’espagnol à l’école – une heure par jour -, et dialoguent avec plusieurs jeunes d’origine mexicaine. Pour favoriser leur épanouissement linguistique, nous avons privilégié un accès presque sans restriction à la télévision, aux amis de l’école et aux activités sportives organisées. Leurs résultats scolaires sont supérieurs à la moyenne du groupe, même dans le cours d’anglais!

Conclusion

Malgré le choc initial, l’immersion totale est définitivement la façon idéale d’apprendre une langue étrangère. Mais surtout, il ne faut jamais oublier ses racines…

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L’alcool aux USA

Image: © magann - Fotolia.com

Image: © magann – Fotolia.com

Étant un pays aux mille contrastes, les États-Unis sont beaucoup moins unis en ce qui concerne l’alcool. En vertu du 21ième Amendement de la Constitution des États-Unis, ayant suivi une prohibition qui a duré 13 ans, chaque État est libre de réglementer la distribution, la vente et la consommation d’alcool sur son territoire.

Alors que certains États permettent la vente d’alcool à peu près partout (supermarchés, épiceries, garages, pharmacies, etc.), d’autres contrôlent totalement sa distribution par le biais de liquor stores, propriété ou non de l’État concerné.

Absence du bouchon

Un samedi soir, je suis attablé depuis quelques minutes avec ma famille dans l’un des rares établissements dignes de porter le nom de «restaurant» dans la région. Je demande à la serveuse de m’apporter la carte des vins. Le contenu de cette dernière peut facilement être reproduit à l’endos d’un timbre-poste. Parmi les trois bouteilles suggérées, je choisis celle dont le précieux liquide provient des vignes de la Pennsylvanie.

Quelques minutes plus tard, la préposée à notre bonheur alimentaire me présente le contenant du fluide alcoolisé et déverse ce dernier dans nos coupes cristallines. Et le bouchon? Quel bouchon? Jamais cette bouteille ne fut débouchée devant moi, le préposé au bar l’ayant fait seul dans son coin. Mon appendice nasal ne peut donc point humer les effluves du raisin liquéfié sur le liège protecteur.

Cette étonnante réalité se répète dans une multitude de restaurants.

Rareté du bouchon

Je constate aussi que les Américains du coin ne consomment que peu d’alcool au restaurant. Les prix sont pourtant raisonnables. Le samedi soir en question, un discret sondage visuel m’indique que seules deux tables sur un total de vingt-cinq supportent bouteilles de vin ou de houblon. Soit 8% seulement. Toutes les autres débordent de liqueurs douces. Imaginez la scène: une assiette de fruits de mer, accompagnée d’un immense Coca-Cola…

Comment expliquer ce phénomène?

Dans la région où j’habite, l’alcool ne peut être acheté que dans les liquor stores. Cela signifie donc que bière, vin, liqueur forte et toute autre forme de breuvage alcoolisé ne sont pas disponibles dans les épiceries et supermarchés. Dans certains États, comme en Pennsylvanie par exemple, les liquor stores sont fermés lors de la trêve dominicale. Donc, les perpétuels assoiffés doivent faire leurs provisions au plus tard le samedi en fin de journée. Ou encore ils doivent se déplacer le dimanche vers les États voisins, plus libéraux, pour y quérir leur breuvage favori.

Autre particularité, je ne connais aucun restaurant du coin où il est possible d’apporter son vin, comme cela se fait couramment au Québec. Et rappelons l’âge minimal de 21 ans pour acheter ou consommer de l’alcool dans les établissements licenciés. Alors que dans le reste du monde, l’âge minimum est généralement de 18 ans. Enfin, la tolérance policière envers les conducteurs en état d’ébriété est heureusement inexistante.

Mutilation du bouchon

Récemment, je vais au restaurant avec un ami. À cet endroit, la bouteille choisie m’est présentée pour approbation avant d’être débouchée. Mais il y a un problème: notre serveuse ne sait pas comment enlever le bout de liège qui protège l’accès au bonheur rouge vin. La gérante est donc conviée à notre table, confiante d’en imposer par son titre et son expérience.

Malheur! Je vois le bouchon se désagréger rapidement sous les assauts répétés d’un tire-bouchon poussiéreux. Qu’à cela ne vaille! Je retire doucement des mains de la gérante médusée le précieux contenant de verre et réussis à extirper le bouchon sévèrement mutilé.

 

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La première contravention aux USA

La première contravention

Image: Steve Young – Fotolia

Début 1999. Ca y est, le grand départ vers les USA! Tout est entassé dans un camion U-Haul. Et mon automobile est accrochée en arrière. C’est sans doute ce qu’on appelle un train routier…

Je quitte donc la région de Montréal en direction de la frontière américaine. Normalement, en automobile, à 118 km/h dans les zones de 65 m/h (vous aussi, faites la conversion!), le trajet prend environ 8 heures. Si on mange une ou deux bouchées, allongeons le trajet d’une heure. Avec mon train routier, ajoutons 3 heures.

Et ça, en ne cassant pas dans l’ignition l’unique clé fournie par U-Haul, lors d’un arrêt dans une aire de repos, en plein bois un samedi soir, vers 20h00 (comme cela m’est arrivé)…

Le policier

Alors que je traverse une région située au nord de la ville de New York, une voiture de police me suit avec ses gyrophares allumés. Je la laisse passer pour m’apercevoir que c’est à moi qu’on veut parler. Je me dis: « Ils sont donc aimables, ces Américains! Me souhaiter la bienvenue, à moi, un tout nouvel immigrant! »

Ce charmant policier, communément appelé State Trooper et portant fièrement son uniforme, s’en vient d’un pas tranquille et me demande poliment les papiers usuels. Je me dis: « Il veut sans doute connaître le nom de celui qu’il va féliciter au nom du gouvernement américain. »

Pas tout à fait…

La contravention

Le policier m’informe plutôt que j’ai circulé dans la voie de gauche, interdite aux camions. Malgré mes explications, il me remet une contravention.

Je la lis rapidement et m’aperçois qu’aucun montant d’argent n’est spécifié sur celle-ci. Je demande donc au policier quel est le montant de l’amende. « Je l’ignore, c’est le juge qui décide, moi je ne donne que des contraventions. » , me répond-il.

La contravention m’invite à plaider coupable ou non coupable, par la poste.

Le dilemme

Si je plaide coupable, je le fais sans en connaître les conséquences pécuniaires, ignare que je suis du montant de l’amende et des frais. Connaître tout de suite la quotité de cette ponction involontaire me permettrait d’évaluer lucidement le risque d’aller clamer haut et fort ma douteuse innocence. Seule façon de connaître ce prix sans plaider coupable? Plaider le contraire.

Si je plaide non coupable, je devrai assister au procès, qui aura lieu à 9h00 le matin, à 350 km de ma nouvelle résidence…

Welcome to the USA, Mr. Allard!

 

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L’impôt américain

 

Le 15 avril est la date limite de production des rapports d'impôt des particuliers aux USA.

Le 15 avril est la date limite de production des rapports d’impôt des particuliers aux USA.

Samedi soir, vers 22h00.

Le repas des amoureux fait tout doucement place à un tendre rapprochement. L’ambiance est divine, les soucis interdits de séjour, la musique enveloppante.

Paul et Lucie, deux Québécois fraîchement arrivés en sol américain, se préparent langoureusement à bien finir la soirée…

Tout à coup, sans crier gare, Paul saisit le combiné téléphonique: « Il faut que j’appelle l’IRS! J’ai vraiment besoin d’une information concernant mon dossier fiscal. »

Le romantisme peut aller se rhabiller…

 

Internal Revenue Service

L’IRS, sigle de l’Internal Revenue Service, est l’organisme fédéral chargé de percevoir les impôts des contribuables américains.

Même si le moment choisi laisse à désirer, il est fort sage que Paul ait décidé d’appeler lui-même l’IRS. En effet, ce n’est jamais bon signe quand c’est l’IRS qui prend l’initiative de vous contacter… Mais un samedi soir. Quand même! Ça doit être fermé.

Eh bien non! L’IRS est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il est possible d’appeler en tout temps. Vous n’attendez pas non plus pendant une heure, dans un environnement musical abrutissant, avant que quelqu’un en chair et en os daigne vous parler.

C’est très rapide. La personne qui vous répond a un accès immédiat à votre dossier grâce à la magie omniprésente de l’informatique.

Toutefois, le fonctionnaire fiscal ne s’identifie que par son numéro matricule, du style: « 0456993X45HH3588V » . Jamais par son nom.

Correspondance du IRS

Le site web du IRS est l'un des sites fiscaux les plus élaborés au monde.

Le site web du IRS est l’un des sites fiscaux les plus élaborés au monde.

Lorsque tout va bien, le IRS ne vous écrit absolument pas. Dans le cas contraire, sa correspondance se veut abondante.

Neuf fois sur dix, les lettres du IRS ne comportent aucun nom ni signature. Autrement dit, c’est un numéro qui écrit à un autre numéro.

On n’économise pas le papier ici. Je soupçonne des forêts entières d’être de connivence avec le bâton fiscal de l’Oncle Sam. Puis, il faut savoir qu’avant d’envoyer les huissiers chez vous pour satisfaire l’appétit insatiable de l’ogre gouvernemental, on vous a donné plusieurs chances.

Au moins dix missives, dont les dernières par poste recommandée, vous ont été acheminées afin de vous exhorter avec une gentillesse de moins en moins inouïe d’acquitter votre dû social sans coup férir.

Correspondance du contribuable

Si vous n’êtes pas d’accord avec la prétention de l’arnaqueur étatisé, vous pouvez lui écrire à votre tour.

Mais attention! Vous devrez lui faire parvenir votre prose larmoyante par courrier recommandé. Sinon votre pleurnicherie littéraire va peut-être se transformer en sous-verre d’occasion ou en échantillon destiné à tester le nouveau déchiqueteur de l’IRS.

Soyez sans crainte, l’imposant (!) géant va vous répondre. Normalement dans un délai de 45 jours. Le problème, c’est uniquement de déterminer quand ce délai prend naissance.

Post Scriptum

Lorsque Paul obtient la réponse à sa question existentielle, Lucie se prélasse déjà dans les bras de Morphée

 

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L’industrie américaine du mensonge

 

Image: Omar Capelli - Fotolia

Image: Omar Capelli – Fotolia

 

Aux États-Unis, le mensonge vend et fait vendre. Il revêt diverses formes. Il se veut parfois évident, souvent subtil. Car ici, on peut dire à peu près n’importe quoi.

Tout ça grâce au premier amendement de la Constitution américaine:

« Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l’établissement d’une religion, ou interdisant son libre exercice; ou limiter la liberté de parole, ou de la presse; ou le droit des citoyens de se rassembler pacifiquement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation de griefs. »

Journaux heddomadaires

Tous les vendredi, le supermarché du coin regarnit ses présentoirs situés près des caisses enregistreuses. Les magazines et journaux défraîchis par des mains avides de potins absurdes doivent céder leur place. Les nouveaux imprimés revendiquent le trône des périodiques aux nouvelles plus fausses les unes que les autres.

Avec photos truquées à la une, ces déchets journalistiques prétendent que la première dame des États-Unis a cent amants, que la vedette de l’heure ne pèse plus que 25 kilos, et que la reine d’un quelconque pays a commis un meurtre.

Les cibles préférées de ces torchons imprimés sont généralement les vedettes d’Hollywood. Peu d’entre elles réagissent, blasées par l’habitude du mensonge ou avides de publicité, même mensongère. Seul l’acteur Tom Cruise réagit systématiquement à ces insultes sans fondement factuel, par de féroces poursuites judiciaires .

Annonces radiophoniques

fiverrLes ondes TV nous submergent d’élans publicitaires émanant de sociétés importantes. Par contre, les ondes de la radio satellite pullulent d’annonces provenant de sociétés littéralement inconnues.

Deux thèmes sont récurrents. Le premier touche à la santé intime de l’homme. On offre cent pilules Viagra pour 9.99$, alors qu’une vraie pilule Viagra se vend environ 15$ l’unité en pharmacie, sur prescription médicale seulement. Le second touche aux problèmes d’impôt des gens. On vante une expérience douteuse en matière fiscale et un palmarès  grandiloquent de règlements favorables obtenus avec l’Internal Revenue Service (IRS), principal organe fiscal américain.

Médailles et honneurs

Lors d’une assemblée publique tenue en 2007, un dénommé Alvarez avait claironné: « Je suis un Marine retraité, après 25 ans de service. En 2001, j’ai pris ma retraite. Avant cela, en 1987, on m’a décerné la médaille d’honneur du Congrès. » Or cette prétention était fausse, ledit Alvarez n’ayant jamais porté l’uniforme. Il fut donc poursuivi en vertu du Stolen Valor Act de 2005, adopté sous le règne du président George W. Bush. Cette loi criminalisait toute fausse déclaration relative à l’attribution d’une médaille militaire.

En 2012, dans la cause United States v. Alvarez, la Cour Suprême des États-Unis déclara que cette loi était inconstitutionnelle, car portant atteinte à la liberté d’expression garantie par le premier amendement de la Constitution.

Création de sociétés

yelpSur une base annuelle, des entreprises font parvenir aux sociétés américaines une
enveloppe urgente, contenant un document ayant véritablement l’apparence d’un avis gouvernemental ou d’une facture officielle. À l’aide d’extraits législatifs choisis avec soin, le document établit une date d’échéance pour verser une somme d’argent prétendument payable.

Plusieurs États américains mettent en garde les gens contre ces tactiques de bas étage, tel le Delaware et la Floride. Malgré cela, les gens d’affaires n’y voient souvent que du feu et font parvenir un chèque, sans avoir pris le temps de bien lire et surtout de se renseigner.

Dépôt de marques

Pire encore: le dépôt de marques. Le registre américain des marques est public, peut être même un peu trop. S’y trouvent toutes les coordonnées de la personne physique ou morale qui dépose une demande d’enregistrement de sa marque.

Encore là, de nombreuses entreprises mal intentionnées pullulent. Le nom de ces dernières porte délibérément à confusion avec celui du United States Patent and Trademark Office (USPTO). Elles font parvenir à leurs victimes une facture pour des services inexistants ou inutiles, toujours avec une date limite de paiement. L’enveloppe de retour est gracieusement fournie, pour faciliter la vie des aveugles affairés à préparer un chèque pouvant grimper jusqu’à… 3,000$US! Même les coordonnées bancaires de ces filous morts de rire sont imprimées sur la fausse facture…

 

 

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Quel nom bizarre…

Image: niroworld - Fotolia.com

Image: niroworld – Fotolia.com

 

Aux 19ième et 20ième siècles, des millions de personnes sont arrivées par bateau aux États-Unis pour y vivre le grand rêve américain. Pour la plupart, elles furent accueillies au poste d’inspection du service d’immigration, situé sur Ellis Island, près de la ville de New York.

Américanisation du nom

Plusieurs de ces immigrants avaient des noms étranges aux yeux et surtout aux oreilles des officiers chargés de leur poser 29 questions précises. Une légende urbaine veut d’ailleurs que certains officiers aient modifié le nom de plusieurs immigrants, afin de les rendre plus facilement «prononçables» en anglais.

D’autres candidats ne parlaient nullement anglais. L’histoire nous enseigne qu’un individu d’origine slovaque aurait répondu aux 29 questions de l’officier en hochant tout simplement la tête et en souriant à pleines dents. L’officier indiqua donc «Smiley» comme nom de famille de l’individu sur le formulaire gouvernemental. Ce nouveau nom devint immédiatement celui de l’immigrant silencieusement souriant et de ses descendants.

Changement volontaire

Mais il est vrai que les nouveaux immigrants profitaient de leur venue en Amérique pour changer leur nom. L’américanisation de leur nom leur permettait de trouver plus facilement un emploi. De se fondre dans leur nouvel entourage. De faciliter leur assimilation culturelle. D’éviter la discrimination auxquels font généralement face ceux qui sont différents. D’effacer un passé parfois trouble ou triste. De vivre tout simplement un nouveau départ.

Aujourd’hui, la situation a quelque peu changé et la majorité des nouveaux immigrants conservent leur nom. On n’a qu’à penser à des noms connus, comme (Arnold) Schwarzenegger, (Renee) Zellweger, ou encore (les sœurs) Kardashian.

Mais lorsque le nom peut difficilement être prononcé par l’entourage du nouvel arrivant ou si cela le force à constamment l’épeler, il fait généralement l’objet d’une demande en changement de nom.

Facilité de changement

Aux États-Unis, il est relativement facile de changer de nom.

Les résidents permanents qui veulent devenir citoyens américains peuvent d’ailleurs profiter du processus de naturalisation pour changer leur nom, en cochant tout simplement une case sur le formulaire gouvernemental.

Dans l’État de New York, les gens qui se marient peuvent même adopter un tout nouveau nom, nullement relié à celui de l’un ou l’autre des époux.

Au Delaware, chaque vendredi, les avis publics de changement de nom parsèment le journal local de la ville de Newark. Lors d’une parution en octobre 2012, deux avis se voisinent:

–          Une personne demande que son nom de famille soit changé pour ZERO

–          Une autre demande que le sien devienne MONEY.

Espérons que si ces deux personnes se rencontrent, tombent en amour et convolent en justes noces, elles ne décideront pas de porter leurs noms combinés : ZERO MONEY. Surtout si elles envisagent de présenter une demande d’emprunt à la banque…

Alimentation et discrimination

Peu après leur arrivée aux USA, mes filles Véronique et Geneviève font parvenir leur (très court) curriculum vitae à une pizzeria du coin, pour y travailler à temps partiel. Elles ne reçoivent aucun appel du gérant, qui a pourtant besoin d’aide. Quelques mois plus tard, mes filles sont informées par des amies qu’à cause de leur prénom, le gérant a cru qu’elles ne pouvaient pas s’exprimer en anglais. Il n’avait donc pas cru bon de les appeler.

Quelques années plus tard, Véronique est caissière dans un magasin d’alimentation de la région. Un jour, un individu quelconque se présente à sa caisse et lit le nom de Véronique sur son épinglette. En fronçant les sourcils, il lui dit: «Quel drôle de nom vous avez! Moi, je viens du Sud. Et dans le Sud, ce sont des noires qui portent un tel nom».  Ma blondinette aux yeux bleus ne répond rien à ce commentaire idiot, discriminatoire et révélateur d’un quotient intellectuel négatif.

Quotidien

Depuis plusieurs années, j’ai le bonheur de travailler avec Véronique chez CorpoMax.

Ma fille est fière de son prénom. Même si elle habite aux USA depuis 15 ans, elle ne veut absolument pas américaniser son prénom. Pourtant, ce serait facile : Veronica est un prénom bien connu aux USA, notamment grâce à la bande dessinée Archie. Mais pas le prénom Véronique. Absolument inconnu.

Combien de fois l’entends-je épeler son nom dès qu’elle appelle un de nos fournisseurs, la banque ou la division des corporations de l’un ou l’autre des 50 États américains? Et si elle n’épelle pas son prénom, toutes les variantes vocales de ses interlocuteurs y passent: Vernique, Vornique, Vernick.

Parfois, elle sort de ses gonds : « Ils savent comment prononcer Monique. Pourquoi ne peuvent-ils pas prononcer Véronique? »

Un brillant…

Un soir, Véronique prend tranquillement un verre avec des amies dans un club de la région. Un jeune homme, à la langue déliée par un breuvage alcoolisé, lui demande gentiment son nom. En l’entendant, il répète: « Very unique? »

Enfin un Américain qui comprend: oui, Véronique est vraiment unique…

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Noël sur Main Street

Image: sognolucido - Fotolia.com

Image: sognolucido – Fotolia.com

Le bureau de CorpoMax est situé au Delaware. Plus précisément à Newark. Toute petite ville de 29,000 habitants… durant l’été seulement!

En effet, de septembre à mai, près de 20,000 étudiants viennent gonfler les rangs des citadins et les goussets des commerçants. L’Université du Delaware accueille en son enceinte cette faune estudiantine, avide de prouesses intellectuelles, de découvertes houblonnières et d’échanges rapprochés.

Une ville au grand coeur

Newark est une micro-ville dotée d’un macro-coeur. Surtout durant cette période hivernale de réjouissance. Deux exemples parmi tant d’autres…

Newark égaie d’une farandole de petites ampoules blanches les arbres qui font office de haie d’honneur sur sa rue principale, originalement surnommée Main Street. Cela crée une joyeuse ambiance, malgré l’absence de neige. Même les étudiants, généralement friands de souvenirs gratuits, ne touchent pas à cet étalage lumineux.

Newark pousse plus loin l’amour qu’elle porte à ses contribuables et visiteurs. Durant tout le mois de décembre, les parcomètres de la rue principale sont recouverts d’un linceul couleur neige, comportant le sigle de la ville et, en anglais, les mots « GRATUIT: Gracieuseté de Ville de Newark. » Autrement dit, la coquine entité citadine facilite la vie de ceux et celles qu’elle désire voir déambuler et s’amuser sur son artère la plus achalandée.

Cadeau au donateur

Sur Main Street, il y a un restaurant-brasserie qui accueille indistinctement passants et habitués. Surnommé Iron Hill Brewery, cet établissement fabrique sa bière, sa pizza et ses profits d’une façon professionnelle et appréciée. Pour Noël, ce lieu gastronomiquement intéressant offre la possibilité d’acheter des certificats-cadeau d’une valeur unitaire de 100$US. Même le donateur est récompensé. En acquérant un certificat-cadeau, il a droit à un coupon-rabais de 25$US pour son propre bénéfice.

Amerloque francophile

Il y a quelques années, je vais au bureau de poste situé sur Main Street. Je suis en train de poster des lettres à destination de la France et du Canada. Sur les enveloppes, on peut donc lire « Monsieur… » ou encore « Madame… »

Un homme âgé, orné d’une tuque défraîchie et d’un oeil inquisiteur, me lance aimablement: « Vous parlez français? » Son accent dans la langue de Molière est tout aussi prononcé que le mien dans sa langue d’Amerloque. Je lui aurais répondu simplement « No » qu’il aurait immédiatement su que j’étais francophone.

Une conversation s’engage donc entre nous. Il m’explique entre autre qu’il a appris le français dans sa jeunesse qu’il qualifie lui-même de fort lointaine: « Vous savez, dans ce temps-là, c’était très « in » de parler français à la maison. C’était prestigieux et cela vous distinguait des autres. » Quelques phrases plus tard, il quitte en me souhaitant « Bon Naowell! »

Ce gentil monsieur s’élance ensuite d’un pas allègre sur Main Street. Pour prendre une marche de santé. Sans doute aussi pour continuer de digérer la dinde qu’il a obligatoirement ingurgitée lors de la récente fête de la Thanksgiving.

Mouvement Main Street

Aux USA, il existe un mouvement Main Street, qui souligne l’importance des rues principales dans les villes américaines, à plusieurs niveaux: économique, communautaire, culturel, etc. En 2011, la Main Street de la ville de Newark fut reconnue comme l’une des cinq meilleures rues principales aux États-Unis.

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Où sont mes bulles américaines?

Image: tongdang - Fotolia.com

Image: tongdang – Fotolia.com

Pierre va avoir 50 ans. Tout un choc pour ce canadien de Montréal, bientôt mi-centenaire. Assez loin des frasques de sa jeunesse, plus près de ses prestations de vieillesse.

Son dilemme: noyer seul sa peine dans les bulles d’une bouteille de champagne ou patauger avec ses proches dans les bulles d’une… machine à bulles!

Il fait donc des recherches sur le web, trouve la machine rêvée aux États-Unis et passe commande. Un doux caprice d’environ 700$US, toutes bulles incluses.

Seul problème technique: le vendeur américain ne livre que sur le sol américain. Cette situation prévaut d’ailleurs très souvent au pays de l’Oncle Sam.

Réexpédition des bulles

Heureusement, Pierre a une solution. Depuis plusieurs années, sa société américaine a son domicile dans les bureaux de CorpoMax, dans l’État du Delaware. Celle-ci bénéficie donc d’un service de réexpédition de colis par transporteur spécialisé, n’importe où dans le monde.

Pierre m’avertit donc de l’arrivée prochaine de son dispendieux jouet. À mon étonnement sur le motif d’un tel achat, il répond candidement: «Je veux franchir le cap de la cinquantaine en me remémorant l’insouciance de ma jeunesse».

Je devine donc qu’assez tôt dans la vie, Pierre a dû plonger dans les bulles de son verre peu après avoir émergé des bulles de son bain.

Il me prévient: CorpoMax doit lui réexpédier la machine sur réception, car son basculement dans la dernière partie de son existence se veut prochain. Que ne ferais-je pour garder un client heureux?

Dès le lendemain, CorpoMax reçoit la manufacture à bulles… écartelée en quatre colis. Ma fille Véronique, qui vit l’inconscient bonheur de m’avoir comme patron, s’affaire donc à préparer les bordereaux de livraison et les apposer solidement sur les boîtes brunes. Tous les bordereaux portent le même numéro de suivi, mais sont identifiés individuellement (1 de 4, 2 de 4, etc.). Puis les boîtes sont immédiatement acheminées à Pierre, qui acquitte préalablement les frais de réexpédition de 300$.

Boîte fugueuse

Peu avant son changement de décennie, Pierre reçoit toutes les boîtes, sauf une: celle qui contient le propulseur de bulles. En d’autres mots, un ventilateur-expirateur dont l’unique mission sur terre est de diffuser sans retenue des milliers de bulles à la transparence visqueuse. Pierre me téléphone, dans un état de panique nullement imperceptible: «Il manque un morceau essentiel!»

Véronique se met activement à la recherche de la boîte égarée. Elle téléphone plusieurs fois au transporteur, lui envoie moult courriels, lui faxe la facture d’achat, lui envoie une photo de la machine et de ses composantes. Pas sûr qu’un enfant disparu aurait reçu autant d’attention…

Problèmes

Premier problème: chez le transporteur, rien ne ressemble plus à une boîte brune sans identification qu’une autre boîte brune tout aussi nue. Par conséquent, si le bordereau de livraison a été arraché durant sa manutention par les employés du transporteur, il est pratiquement impossible d’identifier l’objet essentiel à l’expulsion des bulles. Ou du moins le lien entre l’objet et son destinataire.

Second problème: pour fins de remboursement de l’objet égaré, comment fixer son prix quand il ne se vend pas individuellement, puisque faisant partie d’un tout?

Solution

Face à ces profondes questions existentielles et à l’inexorable écoulement du temps, Pierre ne plonge nullement son désarroi dans de blondes bulles alcoolisées. Il loue plutôt une machine à bulles au Canada. Évidemment, comme tous le savent, les bulles canadiennes sont beaucoup moins grosses que leurs homologues américaines. Malgré tout, le passage de Pierre sur l’autre versant de sa vie est quand même réussi.

Enfin!

Pendant des mois, le transporteur fautif cherche l’expirateur fugueur. Puis, Véronique reçoit un appel: «On l’a trouvé!». Le dernier élément du quatuor est finalement expédié au nouveau quinquagénaire.

La leçon

Depuis 2001, CorpoMax livre ses classeurs corporatifs et les colis de ses clients dans plus de 50 pays via transporteur spécialisé.

Malgré notre longue expérience, cette savoureuse aventure nous a servi de leçon.

Désormais, en plus du bordereau de livraison apposé sur la boîte, une copie de celui-ci est insérée dans la boîte elle-même. Ainsi, il est beaucoup plus facile d’identifier le destinataire de la boîte en cas d’enlèvement involontaire de toute identification extérieure.

Merci Véronique pour cette brillante idée!

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Le sport amateur aux USA

 

Le sport amateur

Image: kharlamova_lv – Fotolia

Dès mon arrivée aux États-Unis en 1999, un directeur d’école m’a résumé la philosophie américaine concernant l’importance du sport dans la vie des jeunes:

« Lorsque débute la construction d’une école, on commence toujours par le gymnase. Ensuite, si le terrain est assez vaste, on ajoute les classes… »

Ce n’est pas compliqué: le sport amateur est roi et maître! Peu importe la discipline dans laquelle ils évoluent, peu importe le niveau où ils sont rendus, les jeunes athlètes sont encouragés, supportés, financés, véhiculés, chouchoutés, aimés, adorés, admirés.

Les parents s’impliquent d’une façon magistrale, les bénévoles se bousculent aux portes du temple de la sueur, les commanditaires ne se font pas prier, les médias emboîtent le pas.

Même à la campagne, les installations sportives sont généralement impeccables. Bref, on n’en a que pour les jeunes qui aspirent à conserver un esprit sain dans un corps sain.

Ma fille Véronique

Au highschool, ma fille Véronique était gardienne de but au soccer. Aimant ce sport encore plus que les garçons (à l’époque, du moins…), elle y excellait. Assez pour faire partie de deux équipes durant une même saison.

Plusieurs tournois, même dans d’autres États, étaient régulièrement organisés. Les performances de Véronique, ainsi que celles de ses coéquipières, étaient régulièrement rapportées dans le journal local, photos à l’appui. Quoi de mieux pour bâtir un album-souvenir mais surtout une confiance en soi?

Ma fille Geneviève

Durant sa dernière année au highschool, ma fille Geneviève décida de s’inscrire au programme de track and field. Quatre jours par semaine, de 15h00 à 17h00, elle faisait partie d’un groupe d’étudiants qui courent. Qui courent. Qui courent encore. Courte distance, longue distance, course à obstacles, course à relais, peu importe: on court!

Encore là, il y avait plusieurs compétitions inter-écoles, dont certaines ayant lieu à huit heures de route de la maison. Geneviève atteignit une forme physique impressionnante. Et, comme par hasard, ses notes furent meilleures qu’auparavant. L’un de ses professeurs m’indiqua que les membres de l’équipe de track étaient fort bien perçus à l’école, tant par le corps professoral que par les autres étudiants.

En effet, cette élite sportive respire la santé, la forme physique et le désir d’aller plus loin, de dépasser ses limites. Autre avantage non négligeable, ces jeunes n’ont pas le temps, ni le goût de penser cigarettes, boisson et drogue…

Mon fils Jérémie

Mon fils Jérémie, alors âgé de 7 ans, joua sa première saison de baseball. Aux USA, le baseball n’est pas une activité sportive mais une religion farouchement pratiquée. La question n’est pas de savoir si votre jeune joue au baseball, mais plutôt dans quelle équipe.

Les installations sont superbes: gazon rasé de près, lignes blanches régulièrement repeintes, arbitre d’expérience, annonceur maison. Les hot dogs d’après match font courir nos jeunes affamés.

Dans le journal de la région, j’eus le bonheur et la fierté de lire le compte-rendu d’une partie durant laquelle Jérémie s’était illustré en frappant la balle comme un déchaîné. J’eus l’impression qu’on décrivait un match des ligues majeures.

Vraiment fier de sa progéniture, le papa…

 

 

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Piscine et barbecue

Piscine et barbecue

Image: Steve Young – Fotolia

C’est un dimanche d’été. Il fait beau et chaud. Très chaud même. Une chaleur torride. Des amis québécois, installés au Delaware, nous ont invités à passer la journée avec eux. Programme épuisant en perspective: piscine et barbecue!

Trouver leur maison n’est pas particulièrement difficile. Dans un nouveau quartier de maisons de luxe (style cottage, garage double, immense terrain, etc.), une seule possède une piscine: celle de nos amis! Étrange…

Piscine

Au Delaware, il n’y a que très peu de piscines creusées et à peu près pas de piscines hors-terre.

Je demande à un Américain la raison de cet état de chose:

« Il y a deux principaux motifs. Tout d’abord, la température. Ici, les gens considèrent qu’il fait trop froid pour utiliser une piscine. »

Trop froid? Je peux comprendre qu’ils aient froid pendant l’été: nuit et jour, ils vivent dans un environnement démesurément climatisé. Mais dehors… La semaine, au retour du travail, les gens entrent leur voiture dans le garage et se dépêchent de quitter l’habitacle mobile pour pénétrer dans l’habitacle résidentiel, tous deux climatisés. La fin de semaine, ils ne sont à l’extérieur que vingt minutes, juste le temps requis pour couper leur gazon.

Deuxième motif? « Les gens craignent que l’enfant d’un voisin ne se noie dans leur piscine. »

Ce motif est sans aucun doute le plus important. La crainte de poursuites judiciaires met un frein à tout désir d’avoir une source extérieure de rafraîchissement (à part le boyau d’arrosage). Ici, la vie d’un enfant a un prix, que les tribunaux fixent à un niveau que vous ne pouvez même pas imaginer. Bien que les gens bénéficient d’une couverture d’assurance-responsabilité, ils ne veulent courir aucun risque. D’autre part, ça doit être insupportable d’être à la fois les parents d’un enfant décédé par noyade et les voisins des propriétaires de la piscine meurtrière.

Moi qui ai eu une piscine pendant 10 ans au Québec, je décide de ne pas en avoir ici…

Barbecue

Après une bonne baignade et quelques bières canadiennes, l’heure du souper approche. Notre ami commence donc à préparer l’outil culinaire par excellence de tout banlieusard qui se respecte: le barbecue. Hamburgers et hot-dogs deviennent rapidement la proie de flammes habilement contrôlées par notre hôte.

Je remarque alors que ses voisins immédiats n’ont pas de barbecue sur leur galerie arrière. Notre ami m’informe de cette particularité:

« Ici, les gens gardent leur barbecue dans le garage. Lorsqu’ils veulent l’utiliser, ils le roulent jusqu’à l’entrée du garage, font cuire les aliments et ramènent le barbecue au fond du garage quand ils ont fini. »

Je suis étonné. Généralement la cuisine est située dans la partie arrière de la maison, avec accès direct à la galerie et aux meubles qui l’agrémentent. Il serait donc logique que le barbecue soit situé à proximité.

Notre ami ignore toutefois pourquoi ses voisins agissent ainsi. Je suis intrigué. Remarquez que cela ne change pas le goût des deux hamburgers que je déguste!

Quelques semaines plus tard, je rencontre un serrurier et lui parle justement de cet étrange état de fait. Sa réponse est immédiate: « Les gens ne veulent pas se faire voler leur barbecue. »

Sécurité

Imaginez mon choc! Moi qui, durant au moins 15 ans au Québec, ai laissé mon barbecue dehors durant tout l’été, sans cadenas, système d’alarme, caméra cachée ou chien de garde. Quel inconscient étais-je?

Je prévois donc faire installer très bientôt un système de surveillance électronique de mon barbecue, avec lien direct à une centrale de surveillance, qui pourra m’avertir jour et nuit, grâce à mon téléphone mobile, s’il arrive quelque chose à ce précieux bien. Je songe également à faire appel à un service de géolocalisation (GPS), qui pourra retracer sans difficulté mon barbecue n’importe où dans le monde, en cas de vol.

Tout ça me coûtera sans doute plus de 1,000 $. Mais au moins, je pourrai dormir en paix, sachant que mon barbecue âgé de 15 ans, payé 200$ à l’origine, est désormais à l’épreuve des voleurs.

 

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Intimité américaine

Un sexe absolument...

Image: markus_marb – Fotolia.com

Généralement, lorsqu’un tel titre surplombe un article, le lectorat augmente de façon notable. Si la curiosité n’est pas la mère des vices, elle en est sûrement la belle-mère.

Pourtant, cet article ne devrait pas être tellement long. Car aux USA, du moins dans le coin où je réside, il ne semble pas y avoir un iota de sexe. Rien. Nil. Zéro. Niet. Vacuité totale.

Voyons voir…

 

Intimité fondamentale

Les Américains ne se touchent pas. Ou si peu.

Dès le berceau, on apprend aux jeunes yankees à donner des hugs ou étreintes. Embrasser sur les deux joues comme au Québec, ou sur les trois comme en Europe? Jamais de la vie!

Aux USA, le fait de recevoir un seul baiser, sur une seule joue, constitue en soi un exploit digne de mention. Toute une différence avec les chaleureux contacts qu’entretiennent les Québécois entre eux. Faut dire qu’il fait plus froid au nord de la frontière américaine.

À l’école

À l’école publique qu’ont fréquenté mes enfants, les baisers passionnés entre adolescents pubères sont strictement interdits.

Sans doute avide de cul…ture francophone, un jeune boutonneux avait demandé à ma fille Véronique si French kiss était une expression française ou anglaise. D’un air coquin, elle lui avait répondu: « Ni l’une ni l’autre. Il s’agit en fait d’un mélange des deux langues… »

Retenez aussi que se tenir par la main dans l’environnement scolaire est déconseillé. Dès l’âge tendre, on apprend que toucher est péché.

Au boulot

Au boulot, la rigidité corporelle est de rigueur. Personne n’ose regarder un ou surtout une collègue de travail plus bas que le menton. Sinon une plainte de harcèlement sexuel est aussitôt déposée, notamment contre l’employeur corporatif. Puis, des dommages moraux établis à des niveaux immoraux sont monétairement extorqués.

À la télévision

À la télévision, le puritanisme des descendants de l’Oncle Sam baigne dans un profond dilemme.

Ne cherchez pas un sein découvert, il n’y en a pas. Dans les documentaires touristiques, même lorsqu’une plage de France est filmée du haut des airs et que les baigneurs ont l’air de minuscules fourmis à l’écran, les seins nus sont brouillés.

Pourtant, pendant les émissions cul…turelles de l’après-midi, les animateurs s’évertuent à interroger les gens de petite vertu. Récemment, le thème traité dans l’une de ces émissions était d’une profondeur à faire blêmir de honte Albert Einstein: « Était-elle enceinte de son mari ou du frère de celui? »

Assise entre deux chaises occupées par des frangins plus du tout copains, la confuse jurait que la semence avait été déposée par l’un des frères, pas le beau mais l’autre. Après un simulacre de bataille fratricide, la bombe tant attendue par un auditoire émoustillé explosa enfin. Le test d’ADN, payé par le studio de télévision, révéla que le véritable père de la petite Rebeccca, âgée de six mois, était…

Tard en soirée

Tard en soirée, on atteint le point cul…minant.

La programmation nocturne est entrecoupée d’annonces publicitaires vantant les mérites visuels de vidéos assez particuliers. On y montre de jeunes filles un tantinet libertines, se trémoussant allègrement devant leurs congénères durant le Spring Break ou le Mardi gras de la Nouvelle-Orléans.

Quant aux canaux payants, ils portent bien leur nom. Diverses positions physiques, horizontalement adoptées en toute absence vestimentaire et sans décence élémentaire, font la joie des voyeurs et le bonheur des diffuseurs.

Dilemme

Tous se rappellent du scandale du Nipplegate, immense controverse découlant de l’apparition-disparition inopinée du sein de la chanteuse Janet Jackson durant un match de football américain. Pourtant, personne ne parle du fait que les États-Unis sont le plus important producteur de films érotiques au monde…

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Taxes? Pas sûr…

Taxes? Pas sûr...

Image: Steve Young – Fotolia

En 1999, quelques jours après notre arrivée aux USA, j’accompagne la plus jeune de nos adolescentes dans un magasin de bijoux mode, situé dans l’État du Delaware. Le coût du collier convoité s’élève à 9,99 $ US.

Geneviève tend donc 12$ au caissier. Pourquoi douze? Car, dans son jeune esprit de consommatrice, élevée depuis sa naissance dans un contexte d’innombrables ponctions gouvernementales, ma douce progéniture est convaincue qu’une taxe automatique de 15,56% (taux combiné de la TVA canadienne et de la TVA québécoise) s’ajoute au prix de tout bien et service.

Le caissier ne prend que dix dollars et remet même un sou à Geneviève, avec le coupon de caisse indiquant une transaction totale de 9,99 $.

Question fiscale

Celle-ci demande alors: « Et les taxes? ». Le préposé lui répond: « Il n’y a pas de taxe de vente au Delaware ».

Ahurie, abasourdie, confondue, déconcertée, décontenancée, démontée, ébahie, ébaubie, éberluée, embarrassée, estomaquée, étonnée, impressionnée, interdite, interloquée, pantoise, perplexe, renversée, stupéfaite, surprise, troublée: voilà en peu d’adjectifs comment se sent Geneviève, du moins selon ce que révèlent ses yeux écarquillés.

« Comment ça, pas de taxe? ». Geneviève n’en revient pas. Elle pose la question au moins trois fois, convaincue que son ouïe lui joue des tours. La réponse du caissier est patiemment invariable.

Conséquence fiscale

Cette courte révélation fiscale se veut le début d’un long malheur parental.

Durant les cinq ans qui suivent ce triste événement, je suis hebdomadairement condamné à véhiculer mes adolescentes vers ces immenses centres d’achat, abritant des milliards d’objets parfaitement inutiles mais totalement libres de taxe.

Le Delaware

Imaginez la situation: au Delaware, aucune taxe de vente n’est exigée des consommateurs. Que ce soit pour l’achat d’une télévision, une coupe de cheveux, un repas au restaurant, peu importe. Ce minuscule État de la côte est américaine tire ses revenus d’une autre source.

Taxes? Pas sûr...

Le Delaware est l’un des 5 États Américains avec une TVA à 0%. Les autres sont: Alaska, Montana, New Hampshire et Oregon.

Grâce à des lois corporatives et fiscales fort avant-gardistes, le Delaware est un paradis pour la création de sociétés. Donc, tout le monde crée sa société ici. Considérant les entrées faramineuses d’argent provenant de cette source, la taxe de vente n’a pas sa raison d’être.

Dans la région, le marché noir n’existe pratiquement pas. Personne n’a intérêt à sauver des taxes qui n’existent pas. Par conséquent, le gouvernement n’a nul besoin d’inonder les ondes télévisées et de placarder les imprimés d’annonces choquantes, reprochant aux consommateurs de tout faire pour ne pas payer des taxes abusivement élevées.

Au niveau résidentiel, les propriétaires doivent annuellement acquitter une taxe municipale et une taxe scolaire. Toutefois, le montant de ces taxes ainsi que les intérêts sur prêt hypothécaire sont déductibles du revenu annuel.

En d’autres mots, dans notre coin des USA, les taxes sont inexistantes ou, à défaut, déductibles…

 

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La publicité des avocats

La publicité des avocats

Image: maxkabakov – Fotolia.com

Un jour, je me prélasse en Floride, histoire de créer une totale vacuité dans mon cerveau fatigué de juriste essoufflé. Dans un instant de douce curiosité, je feuillette les pages jaunes de Boca Raton, ville huppée de la région. Plus précisément, mes yeux cernés se posent sur la section « Lawyers ». Je suis curieux: comment mes confrères américains s’y prennent-ils pour révéler à leur voisinage qu’ils existent?

Je suis royalement servi.

Publicité imprimée

À l’époque, les pages jaunes de la ville de Montréal ne contiennent qu’environ 20 pages réservées à une publicité discrète des avocats de la région (à faire d’ailleurs pleurer de rage tous les experts en marketing). Par contre, celles de Boca Raton – ville minuscule par rapport à la métropole québécoise – atteignent le chiffre invraisemblable de 136.

Peu importe votre problème, il existe un avocat spécialisé.

Vous avez glissé sur une marmotte morte de faim? Pas de problème: un avocat spécialisé en chutes causées par des marmottes se fera un plaisir de vous représenter.

Vous en voulez à un policier puisque celui-ci n’utilisait pas de gants en cachemire tibétain lorsqu’il vous a remis une contravention salée? Encore là, c’est facile: un avocat riche d’une expérience considérable en la matière vous attend pour en discuter.

Constantes publicitaires

Trois constantes me frappent.

Tout d’abord, on indique que la première entrevue téléphonique est gratuite. Donc, pour prendre rendez-vous et se faire expliquer le chemin pour aller au cabinet du disciple de Thémis, vous ne recevrez aucune facture.

Ensuite, on vous promet, noir sur jaune, que vous ne payez rien si l’avocat ne perçoit rien. Ça met un potentiel client en confiance. Sauf qu’il faut quand même acquitter les déboursés encourus pour mener votre dossier à terme. Et Dieu sait que les déboursés peuvent parfois atteindre des niveaux importants (frais d’experts, déplacements, sténographie, etc.).

Enfin, la modestie n’étouffe pas les annonceurs juridiques de l’endroit. Statistiques ronflantes sur le pourcentage de procès gagnés, qualificatifs ostentatoires et phrases choc: tout est bon pour impressionner le futur client.

Publicité télévisée

Mieux encore: les annonces TV. Elles adorent apparaître lors d’émissions hautement culturelles, mettant généralement aux prises de jeunes participants aux problèmes invraisemblables et d’habiles animateurs croyant détenir un doctorat en psychologie.

Dans une annonce-type surgit un homme (presque jamais une femme) qui vous transperce d’un regard d’hyène assoiffée. D’un seul cri, il vous le garantit: vous avez des droits! Ça rassure, même lorsqu’on n’a aucun problème.

Puis, il vous informe qu’il peut aller chercher les sommes qui vous sont dues. En entendant cela, on cherche instinctivement un débiteur.

Enfin, il vous répète au moins 15 fois en 30 secondes son numéro de téléphone. Numéro évidemment choisi avec grand soin afin d’être facilement retenu par une clientèle à la mémoire volatile, du style « 555-444-4444  » ou encore « 1-800-GO-IN-COURT ».

Justice et religion

Pour les Américains, la réalité quotidienne de leurs rapports sociaux semble basée sur les préceptes suivants:

– la justice est leur religion

– les lois sont leur bible

– les procédures sont leurs prières

– le palais de justice est leur temple du culte

– le juge est leur pasteur

– le jury est leur chorale

– le procès est leur célébration du culte

– le jugement est la bénédiction recherchée

– le recours en appel est la confirmation demandée à la Trinité…

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La fierté d’un peuple

La fierté d'un peuple

Image: markus_marb – Fotolia.com

Aux États-Unis, la journée du 4 juillet revêt une importance considérable pour les Américains. Il s’agit de leur fête nationale, appelée Independance Day ou Fourth of July.

Mais, dans le fond, il ne s’agit que l’une des 365 journées de l’année durant lesquelles ils sont fiers. Car les résidents de ce pays sont animés d’une fierté dont l’amplitude n’existe sans doute nulle part ailleurs dans le monde.

Leur fierté est frappante, émouvante, touchante, troublante, déroutante. Mais peu étonnante.

Le drapeau américain

Ce drapeau aux 50 étoiles et aux 13 bandes horizontales est un objet-culte pour les habitants du pays de l’Oncle Sam. Il est omniprésent. On le voit partout, partout, partout. Dans les magasins, en avant des résidences privées et des édifices gouvernementaux, sur les antennes des voitures, au dos des T-shirts, tout autour des bikinis, dans les cheveux…

Les gens d’affaires arborent cravates sur fond de bannière étoilée et épingles du même acabit. Plusieurs entreprises procèdent quotidiennement à la levée matinale du drapeau, avant de le mettre en berne au crépuscule. Certaines motocyclettes sont munies en leur arrière d’immenses drapeaux flottant au vent.

Le serment d’allégeance

Lorsque mes enfants ont commencé à fréquenter l’école ici, ils ont été frappés par deux réalités.

Tout d’abord, il y a un drapeau américain dans chacune des classes de cours. Pas un petit drapeau, non. Un grand drapeau, de hauteur humaine. Les salles de cours de presque toutes les écoles américaines possèdent leur drapeau.

Ensuite, chaque matin, les élèves récitent solennellement le Pledge of Allegiance à l’unisson, le corps droit en direction du drapeau, la main droite apposée sur leur coeur. Les adultes de demain expriment (en anglais) les mots suivants, cimentant les racines d’un peuple reconnu pour sa force, son unité et sa fierté:

« Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d’Amérique et à la République qu’il représente, une nation unie sous l’autorité de Dieu, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous. »

Ce serment est répété à plusieurs occasions. Au début de chaque partie de baseball amateur, joueurs et entraîneurs se mettent silencieusement en ligne. Puis, casquette sur le coeur, tous clament leur allégeance avant de pratiquer le sport national dans la joie. Même chose chez les scouts. Encore là, la courte phrase émane sans coup férir de la bouche de tous ces jeunes avant le début de leurs activités.

L’hymne national

Il y a plus de 15 ans, j’assistais à une convention près de Philadelphie. Avant le début de la séance de travail, les 5,000 délégués se sont levés calmement, ont posé la main droite sur leur coeur et ont entonné l’hymne national américain d’une voix forte, le regard fixé sur la bannière étoilée. À ce moment précis, j’ai vraiment réalisé à quel point le peuple américain était fier.

Arrogance ou fierté?

Plusieurs considèrent que les Américains sont arrogants. À leur contact quotidien, je m’aperçois que cette apparente arrogance est plutôt une confiance en soi exacerbée par une fierté incroyable, celle d’être les citoyens du pays qu’ils considèrent collectivement comme étant le plus grand et le plus puissant du monde. À tort ou à raison. Peu importe. Rien ne semble pouvoir ébranler la fierté de ce peuple.

Il y a quelques années, j’ai croisé un véhicule automobile dont le haut du pare-brise affichait une bande pare-soleil, sur laquelle se lisaient les mots: « I am proud to be American ».

Quand je vous dis « fier »…

 

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Compte bancaire aux USA: un, c’est bien mais…

Compte bancaire aux USA: un c'est bien, deux c'est mieux

Photo: Tax Credit

Depuis 2001, CorpoMax a aidé des milliers de gens d’affaires étrangers à ouvrir un compte bancaire aux USA pour leur nouvelle société américaine.

Durant toutes ces années:

– j’ai fait affaires avec des dizaines de banques américaines, certaines parmi le top 5, d’autres de taille plus modeste;

– j’ai connu des banquiers de tout acabit, certains fort professionnels, d’autres… un peu moins;

– j’ai analysé le mode de fonctionnement des banques, leur structure de frais, leur système d’aide téléphonique, leur site web.

Constat

Il est difficile de mettre toute sa confiance dans une banque américaine.

Motifs

– La crise financière mondiale, amorcée en 2007, fut en grande partie causée par les banques américaines (articles un, deux et trois);

– Les priorités des banques sont strictement limitées au rendement financier en faveur de leurs actionnaires et au bien-être outrageusement confortable de leurs dirigeants et cadres supérieurs;

Le client est un pur numéro (de compte) auquel on offre de moins en moins de services pour un prix de plus en plus élevé.

Réalité

Les banques américaines ne sont plus dirigées par les banquiers (normalement en contact avec les clients) mais par leur service de conformité – Compliance Department (n’ayant aucun contact avec les clients).

Combien de fois ai-je vu un tel service de conformité fermer un compte bancaire, sans aucun préavis (verbal ou écrit), sans avoir contacté le client, et sans que le banquier en succursale ne puisse faire quoi que ce soit.

 • Motifs avoués? Aucun. En fait, aucun fourni au client. Car, lorsqu’une banque ouvre un compte professionnel (ou personnel), elle vous avertit noir sur blanc qu’elle peut fermer ce compte en tout temps, sur simple avis écrit et sans avoir à vous fournir quelque motif que ce soit. Surtout, ne pas confondre « avis » avec « préavis »…

• Motifs réels? Le dirigeant du client n’habite pas sur le sol américain. Un virement reçu de l’étranger semble suspect. Le compte bancaire comporte un solde trop bas ou demeure inactif.

Conséquence? Après la fermeture du compte bancaire, la banque émet un chèque au nom de la société et lui envoie par la poste. Mais que faire avec ce chèque si la société n’a plus de compte bancaire pour l’encaisser?

 Solution

Toujours faire affaires avec deux banques. Avoir un compte bancaire dans chacune de celles-ci.

 Avantages

– permet de bâtir une relation d’affaires avec deux banques sur une base parallèle

Plusieurs ambassades vivent actuellement ce problème du compte bancaire unique...

Plusieurs ambassades vivent actuellement ce problème du compte bancaire unique…

– permet de comparer la nature, la qualité et le prix des services

– permet de profiter du meilleur de chaque banque

– évite d’être à la merci d’une seule banque, en cas de fermeture sauvage du compte

– évite à une seule banque de connaître la totalité des actifs financiers de votre société américaine

– permet de profiter de la garantie gouvernementale de 250,000$US pour chacun des comptes bancaires

Inconvénients

– entraîne une double conciliation bancaire chaque mois

– peut entraîner des frais bancaires additionnels (quoiqu’il soit relativement facile de trouver un compte bancaire sans frais)

Recommandation

Ne pas dévoiler à la banque #1 votre relation d’affaires avec la banque #2 (et vice-versa). Cela ne regarde que vous. Ainsi, laisser croire à chaque banquier qu’il est unique au monde…

Cas vécu

Depuis sa fondation en 2001, CorpoMax fait affaires avec deux banques américaines. Chacun des comptes professionnels a une mission particulière: l’un pour les opérations courantes, l’autre pour la réception des virements bancaires.

En 2011, lorsque CorpoMax a fait l’acquisition de son propre immeuble commercial, j’ai mis à contribution les deux banques afin d’en financer le coût d’acquisition (banque #1) et les travaux de rénovation (banque #2).

Conclusion

Diviser pour régner, tout simplement.

P.S.

Les banquiers de CorpoMax ne se connaissent pas mais ils me connaissent depuis plus de 14 ans. Et ils partagent mon opinion ci-haut résumée…

Et vous?

Est-ce que votre société n’a qu’un seul compte bancaire? Et pourquoi donc?

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Le respect des disparus

Le respect des disparus

Image: morganimation – Fotolia.com

J’aime lire les journaux. J’apprécie ce contact quotidien avec la société dans laquelle on vit. Et dans laquelle on meurt.

Tous les jours, plusieurs nous quittent, lentement ou en vitesse, doucement ou sans finesse. Parfois, la section nécrologique du journal The Philadelphia Inquirer occupe plus d’espace que la section sportive du même journal. Faut dire qu’il y en a du monde dans cette grande ville de Pennsylvanie qu’est Philadelphie.

Vie des disparus

Le contact de mes yeux gênés avec la notice biographique de récents disparus me permet de mesurer, sans prétention scientifique, une bonne partie du respect que les survivants témoignent à leurs proches qui ont trouvé le repos dans la nuit éternelle. Plusieurs notices sont plus longues que bien des curriculum vitae.

La lecture d’innombrables caractères lilliputiens me permet de connaître en détail les événements ayant parsemé la vie des défunts: lieu de naissance, parents et famille, religion pratiquée, église fréquentée, écoles et diplômes obtenus, armée, mariage, enfants, travail, trophées et prix, retraite, etc.

Je découvre même leurs surnoms (certains exotiques, d’autres évocateurs…), leurs passe-temps (quilles, marche, balle-molle) et leurs réalisations personnelles (pêche du plus gros poisson dans le comté, spécialités culinaires).

En fait, tout ce qui manque, c’est leur type sanguin et les résultats de leur test d’ADN.

Respect des soldats

Les Américains portent aussi un immense respect à leurs soldats, surtout morts en devoir.

Il y a le mur-souvenir des vétérans du Vietnam, situé à Washington DC, et dans le granit noir duquel sont gravés les noms des 58,156 soldats américains décédés au combat ou portés disparus.

N’oublions pas le Memorial Day, anciennement appelé Decoration Day, qui est un jour de congé dédié à la mémoire des Américains morts durant l’une ou l’autre des guerres, et qui est célébré le dernier lundi de mai.

Cimetières

Pour sa part, le cimetière national d’Arlington, situé en Virginie (tout juste à côté de Washington DC), existe depuis 1864 et a plus de 400,000 locataires permanents (militaires, vétérans et famille). Y sont aussi enterrés les anciens présidents américains, dont John F. Kennedy. Pour y être enterré, il est préférable de s’inscrire sur la liste d’attente… de son vivant.

Les cimetières, intimes ou gigantesques, sont fort fréquentés. Dans le silence. Dans le respect. Dans le souvenir. Petits drapeaux étoilés, fleurs fraîches régulièrement remplacées, messages doux, oursons en peluche laissés par des petits-enfants souvent inconnus des trépassés. Signes discrets, têtes penchées, yeux humides, coeurs serrés…

Départ d’un proche

Le départ d’un être proche est toujours insupportable. Mais comment décrire cette douleur lorsque celui qui part est un enfant? Pire encore cela doit être lorsque le petit être s’est fait enlever la vie par un proche parent.

Il y a quelques années, j’ai lu dans la version web d’un quotidien montréalais qu’un Québécois venait d’écoper de quatre ans de prison pour avoir tué son enfant. Coïncidence troublante: la même journée, dans le Philadelphia Inquirer, je lisais une nouvelle similaire. Sauf que le meurtrier américain écopa de la peine de mort…

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La discrimination aux USA

La discrimination aux États-Unis...

Image: beaubelle – fotolia.com

Aux États-Unis, la qualité du crédit fait foi de tout. Autrement dit, si votre historique financier brille de tous ses feux, vous pouvez obtenir mer et monde. Ça, c’est ce que la publicité tente de vous faire croire. Mais la réalité est quelque peu différente…

La discrimination: souvent colorée…

Il y a quelques années, un homme détenant un excellent emploi au sein d’une importante entreprise située près de chez moi a effectué une demande de prêt hypothécaire. Demande refusée. Il est allé faire la même demande dans une autre banque. Encore refusée. Puis une troisième. Puis une quatrième. Même résultat.

En désespoir de cause, il a présenté sa demande à l’une des institutions financières sollicitées, mais cette fois-ci par Internet. Miracle! Sur la base des mêmes informations, sa demande fut acceptée. Pourquoi? Parce que la division virtuelle de cette banque tout à fait réelle n’a pas pu constater la couleur de sa peau. Noire.

La discrimination: souvent silencieuse…

La discrimination fondée sur la race est omniprésente aux USA, même si elle est moins visible et plus subtile qu’à la triste époque de l’esclavage.La discrimination silencieuse

Des amies de race noire m’ont affirmé que, dans les grands magasins comme dans les minuscules boutiques, elles sont continuellement suivies par un employé. Souriant comme un poteau de téléphone. Muet comme une carpe. Qui ne leur adresse même pas la sempiternelle invitation: « Puis-je vous aider? »

La discrimination: souvent tôt dans la vie…

Dans le sud de la Pennsylvanie (tout juste au nord du Delaware), il y a peu de personnes de race noire mais beaucoup de Mexicains. Ces gens de petite taille et au teint basané souffrent aussi de rejet social.

Généralement, ils occupent des emplois de misère (culture de champignons, tonte de pelouse, récolte de fruits et légumes, etc.). Ils possèdent des automobiles ayant peine à rouler. Ils habitent des maisons où plusieurs d’entre nous n’oseraient même pas remiser leurs outils à jardin. Les enfants mexicains fréquentent l’école publique, mais ne sont pas invités à se mêler aux autres étudiants.

La discrimination: parfois frontalière…

Même les « Blancs » peuvent parfois souffrir de discrimination. Peu après notre arrivée aux États-Unis en 1999, une de nos voisines, sans doute choquée par une discussion houleuse avec la mère de mes enfants, a susurré en notre direction, mais de façon tout de même audible, les charmants mots: « Go back to Canada! ».

La discrimination: parfois inversée…

Simple employé de la ville de Wilmington (Delaware), à 20 minutes de chez moi, un type de race blanche tentait depuis quelques années de se frayer un chemin vers le sommet de la hiérarchie municipale. Sans réel succès. Après réflexion, il commença à croire que le programme mis sur pied par son employeur afin de favoriser l’avancement des minorités visibles agissait en quelque sorte comme un frein à sa propre ambition de grimper les échelons.

Quelques heures après la fin de cette profonde cogitation existentielle, l’avocat de ce pauvre hère intenta une action en dommages et intérêts de plusieurs millions de dollars contre la ville de Wilmington, alléguant discrimination à l’égard de son client blanchissant d’écume.

Le dossier judiciaire fut finalement réglé hors-cour. L’employé reçut un million de beaux billets verts en guise de compensation.

La discrimination: jamais acceptable.

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21 ans et plus… ou moins

21 ans et plus... ou moins

Image: alexmillos – Fotolia.com

Aux États-Unis, la minorité a drôle de mine. Pas facile d’être mineur ici. Tous les jours, les mineurs doivent inexorablement s’enfoncer dans les sombres méandres d’innombrables labyrinthes juridiques, aux murs suintant de perles législatives généralement incompréhensibles.

En termes humains, cela signifie que la jeunesse américaine doit constamment consulter la liste de ses droits et obligations selon qu’elle désire conduire une voiture, aller voter, griller une cigarette ou boire un verre d’alcool.

Le cas de l’alcool

Mine de rien, j’ai analysé divers problèmes auxquels fait face cette minorité nullement silencieuse. Notamment le problème relié à l’alcool.

Comment se fait-il que l’âge légal pour consommer de l’alcool soit fixé à 21 ans dans tous les États américains? Pourquoi 21? Pourquoi pas 20? Ou 19? Ou même 18, comme dans plusieurs pays du monde? Sur quelle base houblonnière ou vinicole fut établi cet âge minimum?

Tous savent que les hormones s’activent de folichonne façon entre 18 et 21 ans. La poussée hormonale de ces apprentis adultes est d’ailleurs en parfaite harmonie avec celle de l’acné juvénile et de la gêne envers le sexe opposé.

Pourquoi ne pas permettre à l’alcool de remplir une certaine vocation médicamenteuse, avec prescription renouvelable hebdomadairement sans ordonnance légale?

L’alcool à tout prix

Les bars exigent une carte d’identité des garçons à la frimousse impubère et des filles au maquillage débordant. Certains faussaires en herbe réussissent à franchir le périmètre de sécurité surveillé par des gorilles à la mine patibulaire.

D’autres se tournent vers les liquor stores où certains préposés, complices ou aveugles, font fi de la prohibition d’une mine tout à fait intéressée.

D’autres encore préfèrent boire à la maison, sous l’approbation silencieuse de parents susceptibles d’être poursuivis en justice si un accident d’automobile découle de leur aveuglement volontaire.

Problèmes reliés à l’alcool

Cette interdiction faite aux moins de 21 ans cause de graves problèmes aux États-Unis, notamment sur les campus universitaires. Il y a même une liste annuelle des universités aux prises avec d’importants problèmes d’alcool parmi leurs étudiants. Tout près de chez moi, l’Université du Delaware a déjà fait partie des dix pires universités du pays à ce chapitre. Et le pays en compte près de 5,000. Triste record…

Le problème de l’alcool chez les jeunes se répercute à plusieurs niveaux: bruit nocturne, vandalisme, bagarres, agressions. Et c’est sans compter les accidents, souvent mortels, découlant du mélange explosif de l’alcool et du volant. À cet égard, la tolérance judiciaire n’existe tout simplement pas.

Bizarre…

Malgré tout, c’est bizarre.

Bizarre que le législateur considère les jeunes assez matures pour conduire une voiture à 16 ans mais pas assez pour boire un verre d’alcool avant 21 ans.

Bizarre que ce même législateur les considère assez matures pour voter à 18 ans mais pas assez pour socialiser dans un débit de boisson avant 21 ans.

Faudrait quand même pas miner la confiance de ces adultes en devenir. Encore moins détourner ces mineurs de l’objectif immuable de l’émancipation.

Faudrait peut-être leur apprendre aujourd’hui à devenir les adultes de demain.

Conclusion

Bref, je cesse d’avoir sombre mine et vous expose tout de go ma compréhension de cette gradation législative vers la majorité en sol américain:

  • À 16 ans, les jeunes Américains peuvent commencer à conduire un véhicule automobile.
  • À 18 ans, ils peuvent aller voter en voiture, confiants de bouleverser l’ordre politique établi.
  • À 21 ans, ils peuvent conduire jusqu’au débit de boisson le plus près afin d’y noyer leur peine, ayant finalement compris qu’en politique, plus ça change, plus c’est pareil…

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Justice Ltée

Justice Ltée

Image: Steve Young – Fotolia.com

 Suite à l’élection présidentielle américaine tenue en l’an 2000, on se rappelle que la Cour suprême des États-Unis a en quelque sorte octroyé l’occupation de la Maison Blanche au candidat George W. Bush plutôt qu’au candidat Gore. D’innombrables Américains ont alors proposé d’abolir le principe immémorial du suffrage universel.

En effet, la question suivante s’est imposée de façon toute naturelle: « Pourquoi tenir des élections si la Cour suprême peut nommer notre dirigeant suprême? »

Autrement dit, pourquoi dépenser tant d’argent et déranger tant de monde quand un minuscule groupe de personnes, au sommet de la justice, peut s’occuper de cette formalité en quelques heures, à une fraction du coût original?

Neutralité interdite

Pour quelqu’un qui aspire à la magistrature aux États-Unis, il est presque impossible, pour ne pas dire interdit, d’être neutre au niveau politique. Le candidat-juge doit obligatoirement être d’allégeance républicaine ou démocrate. En plus, cette partisanerie doit être connue du public. Les potentiels gens de robe doivent donc préalablement faire partie de l’environnement politique.

C’est d’ailleurs ce qui complique singulièrement la tâche du président américain lorsqu’il doit combler une vacance au sein de la magistrature fédérale. Le candidat nommé par le président doit d’abord subir une audition devant le Comité judiciaire du Sénat. Puis, cette nomination est soumise au vote des membres du Sénat. Si l’individu pressenti est membre du « bon » parti mais que la majorité des membres du Sénat portent une étiquette politique différente, la nomination présidentielle est susceptible d’être rejetée. Et ce malgré tout le mérite du candidat concerné.

Au niveau des États, la situation est assez particulière. En effet, plusieurs juges sont… élus par la population!

Dépliants publicitaires

Tout comme les politiciens traditionnels, les candidats juges doivent faire une campagne électorale. Généralement, leurs dépliants publicitaires et leur site web comptent plusieurs pages aux couleurs vives. Sont affichés la photo et les faits d’armes des candidats, d’allégeance républicaine ou démocrate.

Certains slogans électoraux sont particulièrement troublants. Par exemple:

« Au début des années 1990, il n’y avait aucun Républicain au plus haut tribunal de Pennsylvanie. Cette élection peut modifier l’orientation de ce tribunal et l’empêcher d’être un tribunal activiste, qui néglige le jugement du peuple et du législateur, et qui y substitue son propre jugement. »

« Maintenant plus que jamais, des juges sévères signifient une Pennsylvanie plus sûre. »

Les dépliants sont accompagnés d’une version « améliorée » du bulletin de vote, comportant le nom de tous les candidats (républicains ou démocrates), la date du jour fatidique et les heures d’ouverture du bureau de vote – généralement de 7h00 à 20h00 -. En plus d’indiquer qu’il est protégé par copyright, cet aide-scrutin comporte une mention sans doute destinée aux électeurs à la mémoire vacillante:

« Vous avez le droit d’apporter ce bulletin de vote dans l’isoloir avec vous. »

En toute justice

Si je désire contester une contravention gracieusement offerte par un policier en uniforme, pourrai-je choisir d’être entendu par « mon » juge, auquel je rappellerai candidement que mon vote était parmi ceux l’ayant porté au pouvoir… judiciaire?

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Avocat, Banquier, Comptable: l’ABC des affaires

L'ABC des affaires: A pour Avocat, B pour Banquier, C pour Comptable

Image: domaine public

 

Pour réussir en affaires aux États-Unis comme sûrement ailleurs dans le monde, il faut connaître et respecter l’ABC des affaires:

  • A pour Avocat
  • B pour Banquier
  • C pour Comptable

A pour Avocat

Les États-Unis regorgent d’avocats, tous plus énergiques les uns que les autres. Ce n’est guère étonnant: poursuivre son voisin est une activité populaire au pays de l’Oncle Sam. Il ne faut donc jamais sous-estimer l’importance du conseil juridique à toutes les étapes de la vie de votre entreprise.

On ne choisit pas un avocat comme on choisit un modèle de voiture. Voici donc quelques éléments à considérer :

– Expertise

Il est préférable de choisir un avocat spécialisé dans le domaine d’activités de votre entreprise. Méfiez-vous de l’avocat qui se prétend expert dans 25 domaines du droit.

– Langue

Soyons honnêtes: on est toujours plus confortable dans sa langue maternelle. Le droit étant un langage hermétique, il est fondamental de comprendre ce que votre avocat vous explique. Les États-Unis comptent plusieurs avocats qui parlent français.

– Disponibilité

Il est important que votre avocat soit disponible. Si, après trois messages téléphoniques et deux courriels sans retour de sa part après 72 heures, l’accueil téléphonique de son cabinet allègue qu’il est «occupé», répondez que vous l’êtes tout autant et cherchez tout simplement un autre avocat.

B pour Banquier

Il existe plus de 6,000 banques commerciales aux États-Unis. Le choix est donc vaste. Toutefois, il ne faut surtout pas se laisser impressionner par la taille de la banque ou par sa notoriété. Les plus importantes ne sont pas nécessairement les meilleures. Voici quelques éléments à considérer :

– Services bancaires en ligne

Les services bancaires en ligne américains ne sont pas aussi développés qu’en Europe. Preuve: au moins l’une des cinq plus importantes banques US exige que les non-résidents américains fassent leurs virements bancaires par téléphone (avec un PIN ou mot de passe) plutôt que par Internet. Préhistoire, quand tu nous tiens…

– Emplacement

Le nombre de succursales peut être un critère important. Plus grand est le nombre de succursales, plus grande est votre capacité d’avoir accès à des facilités bancaires qui exigent parfois votre présence physique à la banque.

– Frais bancaires

La compétition est féroce entre les banques américaines. Il est donc encore possible de trouver un compte professionnel (société) sans frais mensuel. Certaines banques exigent toutefois que vous mainteniez un solde minimum mensuel (ex: 1,500$).

C pour Comptable

Le comptable (aussi appelé « expert-comptable ») est un allié important de votre société américaine. Aux USA, il porte généralement le titre de « Certified Public Accountant » (CPA). Voici quelques éléments à considérer :

– Connaissance de la fiscalité

Aux USA, il y a plus de 56,000 taux de taxe différents. De plus, l’impôt peut parfois être payable à plusieurs autorités : fédéral, État, comté, ville, régie. Une simple omission dans un rapport d’impôt peut entraîner une pénalité automatique de 10,000$US. Votre comptable est donc essentiel.

– Facilité de communication

Depuis sa fondation en 2001, CorpoMax utilise QuickBooks, l’un des logiciels comptables les plus populaires aux USA pour les petites et moyennes entreprises. Lorsqu’il est temps de clôturer l’année financière et de préparer les rapports d’impôt de CorpoMax, je remets tout simplement le fichier QuickBooks à notre comptable, qui s’occupe du reste. L’apprentissage de ce logiciel a été facilité par la grande disponibilité de notre comptable.

Avocat, banquier, comptable: comment les trouver?

Trouver LE bon professionnel n’est pas facile. Imaginez quand vous devez en trouver trois (ABC)! Mais c’est possible, croyez-moi. Il suffit tout simplement de procéder par étape:

Étape #1: Recherche d’information

Internet et plus particulièrement Google sont vos meilleurs alliés. À l’aide de mots-clé judicieusement choisis, trouvez des candidats potentiels. Consultez les associations oeuvrant dans votre secteur d’activités. Demandez à des collègues et même des compétiteurs.

Lien utile: Moteur de recherche French District

Étape #2: Évaluation

Lorsque vous croyez avoir trouvé un professionnel intéressant, écrivez-lui et analysez sa réaction. Quand va-t-il vous répondre? De quelle façon: écrite ou verbale?

Lorsque l’échange verbal commence entre vous, évaluez sa capacité d’écoute (avec ses oreilles ou avec sa bouche?), son attitude (professionnelle ou pompeuse?), sa façon de vendre ses services. Ne vous laissez pas endormir par ses propos: écoutez et analysez!

Vous devez tout évaluer. Tant à l’oral qu’à l’écrit. Un professionnel peut avoir une prose extraordinaire mais se révéler incapable de bien communiquer verbalement avec vous. Comprenez-vous ce qu’il vous dit? Laissez votre gêne au vestiaire et allez chercher des réponses claires et précises à vos questions.

Étape #3: Confirmation écrite

Si vous sentez que vous êtes entre de bonnes mains, demandez au propriétaire de celles-ci de vous confirmer par écrit ce qu’il vous représente verbalement:

  • description des services à rendre
  • durée de la prestation
  • prix et modalités de paiement

Lorsque j’étais jeune avocat, mon associé plus expérimenté me répétait souvent: « Un petit crayon vaut mieux qu’une grande mémoire »…

En bref

Si vous respectez l’ABC des affaires et que vous vous entourez de trois professionnels qualifiés dès le début de votre aventure entrepreneuriale, ceux-ci peuvent devenir des alliés de première importance. Les gens d’affaires qui réussissent sont souvent entourés des mêmes professionnels depuis de nombreuses années. Pour cela, exercez une certaine discrimination et tentez de trouver des professionnels qui sont dans la même tranche d’âge que vous…

Invitation à vous présenter

Vous, professionnel francophone qui oeuvrez aux États-Unis, je vous invite à vous faire connaître plus bas, dans les commentaires. Cela aidera sûrement les lecteurs de ce blog, dont certains deviendront peut-être vos clients.

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Le culte de l’uniforme

Le culte de l'uniforme

Image: beaubelle – Fotolia.com

Suite au 11 septembre 2001, le service des pompiers de la ville de New York doit rapidement regarnir les rangs décimés de ses troupes. Plus de trois cents nouveaux pompiers doivent être embauchés sans délai. Pour attirer d’éventuels candidats, la publicité imprimée mise seulement sur deux mots (« Héros recherchés ») et une photo (un casque de pompier).

La division des Marines, branche d’élite de la force millitaire américaine, adopte une tactique similaire. À Newark (Delaware), la vitrine du bureau de recrutement expose deux objets: la veste décorée de l’uniforme d’un Marine et une épée. Sur une affiche, on y lit: « Les rares. Les fiers. Les Marines. »

Vive l’uniforme!

Aux États-Unis, le culte de l’uniforme est pratiqué depuis toujours par une population avide d’éblouissement.

Tous veulent voir un uniforme. Dans une auto-patrouille. Dans une parade. Sur un terrain de football. Au supermarché.

Plusieurs portent un uniforme. Les hommes en cravate. Les femmes en tailleur. Les brigadiers scolaires. Les arbitres. Les préposés du restaurant McDonald.

Plusieurs ne veulent pas en porter. Les prisonniers. Les étudiants de collèges privés. Les danseuses nues. Les voleurs.

Plusieurs ne croient pas en porter. Les filles au string grimpant. Les garçons au pantalon tombant.

Plusieurs rêvent d’en porter. Certains même d’en porter un autre que le leur …

Par un beau dimanche…

Par un beau dimanche d’automne, je roule allègrement sur une autoroute peu achalandée dans l’État de New York, à une vitesse un tantinet supérieure à la limite permise. Au loin, je crois distinguer un véhicule policier nullement banalisé, arborant d’inertes gyrophares. Se prélassant dans la voie de dépassement de gauche, la bagnole du gardien de l’ordre déambule à une vitesse un tantinet inférieure à la limite permise.

Me rapprochant inexorablement de l’objet roulant à propulsion dominicale, je remarque alors qu’il ne s’agit pas d’un véhicule policier mais plutôt d’une automobile vouée à la protection de la faune et la flore. L’apparence extérieure du quadripède mécanique sur pneumatiques est similaire à celle de l’auto-patrouille d’un State Trooper, seul émetteur autorisé de contraventions salées. Toutefois les inscriptions décorant l’engin gouvernemental nonchalant ne mentent pas: sa mission sur terre est purement bucolique.

Constatant que l’escargot de la force faunique demeure résolument dans la voie de dépassement, sans doute avide d’admirer les couleurs automnales et de humer le parfum des montagnes sur sa gauche, je double donc la calèche à peine motorisée sur sa droite.

Mal m’en prit!

Immédiatement, mon ancien prédécésseur se place derrière ma modeste monture à pistons. Puis, sans crier gare, il actionne de tournoyants jets de lumière violemment rouge. Peu après, mon rétroviseur affiche la mine courroucée d’un homme en uniforme, qui se dirige vers ma portière avec arme en bandoulière et sourire absent du faciès.

La question

« Ca vous arrive souvent de doubler un policier? »

Ma première réaction, intérieure:

« De doubler un VRAI policier? Non, cela n’est pas encore survenu. »

Ma seconde réaction, tout aussi silencieuse:

« S’il ne roule pas assez vite? Oui, ça serait envisageable. »

Ma réaction finale, en exagérant mon accent français:

« Mille excuses! Voyez-vous, mon odomètre affiche des kilomètres au lieu des milles. J’ai dû confondre les deux. »

Toujours aussi pourpre que les feuilles d’automne, le coloré représentant des forces de la nature me répète la question:

« Ca vous arrive souvent de doubler un policier? »

Je meurs d’envie de rétorquer:

« Parlez toujours, vous n’avez aucune juridiction sur l’autoroute et vous le savez parfaitement. »

Mais vu qu’on regrette rarement ce qu’on ne dit pas, je demeure vraiment coi et faussement contrit.

L’usurpateur d’identité policière se dirige ensuite vers son transporteur à chevaux mécaniques, porteur de mes papiers d’identification. Dans mon rétroviseur, je le vois s’asseoir confortablement derrière son volant.

Puis j’attends. J’attends. J’attends…

Finalement

Vingt minutes plus tard, le scénario écrit dans le ciel se réalise enfin. Le digne représentant des arbres, des rivières et des moustiques revient vers moi, la mine renfrognée. Il me remet mes papiers sans aucun ajout documentaire porteur d’amende. Puis, il tonitrue sa sentence:

« Pour cette fois, vous n’aurez pas de contravention. Mais je vous suggère de ne plus doubler un policier. »

Bien bas, je m’incline devant ce vizir qui rêve de devenir calife à la place du calife…

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Oh $eigneur…

Oh $eigneur...

Image: Juan Jose Gutierrez – Fotolia.com

Si, aux USA, la pratique religieuse se porte aussi bien que la construction de nouvelles églises, on peut affirmer sans crainte de se tromper que le paradis promis aux croyants est réservé aux défunts américains. Ce n’est pas compliqué: il y a autant d’églises dans cet immense pays que de restaurants dans la ville de New York.

Quelle église?

Il est fondamental de faire partie d’un quelconque mouvement religieux. Du moins, c’est la déduction qu’on doit en tirer à la lecture des journaux.

Fiançailles, mariages, nominations, décès: les avis heureux et moins heureux mentionnent souvent l’église fréquentée par la personne concernée. Dans les journaux du lundi, on voit régulièrement le président américain sur le parvis d’une église, sa main dans celle de son épouse et l’autre tenant ferme son bréviaire.

On attire les fidèles et les autres au moyen d’annonces publicitaires, plus originales les unes que les autres. Les enseignes au néon déploient de criards jets de couleurs lumineuses, les dépliants affichent de célestes slogans. Le porte-à-porte religieusement incitatif n’est pas l’apanage exclusif des Témoins de Jéhovah.

Quel montant?

Dans un invariable élan dominical, les membres, qui se comptent par millions dans certains cas et à l’unité dans d’autres, se précipitent vers les temples sacrés afin d’écouter, de chanter, de parler, de murmurer, de bouger, de s’agenouiller, de crier, de rire, de sourire, d’échanger, de prier et… de payer.

Pour ceux qui préfèrent la télévision à court terme plutôt que la rédemption à la fin des temps, les télévangélistes de tout acabit pullulent au petit écran.

La traditionnelle quête de dons ponctuels est alors remplacée par une ponction monétaire grâce à la trinité commerciale par excellence: Visa, MasterCard et American Express.

Lorsque les lieux de culte sont désertés après la rencontre du dimanche, ils deviennent alors l’occasion de rassembler d’autres personnes, ou les mêmes portant d’autres chapeaux. Par exemple, on transforme la salle de célébration en terrain de volley-ball ou de basket-ball, où se réunissent des jeunes en quête de sensations divinement athlétiques ou des parents avides d’éliminer de diaboliques surplus graisseux.

Quelle école?

Des amis québécois, installés au Delaware depuis peu, désirent que leur rejeton fréquente une école catholique privée. Sauf que ce n’est pas si facile que ça…

Non pratiquants, ces copains doivent tout d’abord prouver à l’église catholique de leur comté qu’ils aiment le Seigneur autant que leur enfant.

Cette preuve doit être hebdomadairement fournie, préférablement de façon endimanchée et avec une obole à peine moins élevée que les futurs frais de scolarité. Si leur dévotion est exemplaire, le bambin pourra être admis à l’école catholique du quartier.

Oh $eigneur…

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L’accent a disparu!

L'accent a disparu!

Image: Vincent Allard

Je n’ai aucun accent en anglais.

Pourtant je n’ai pas de mérite. C’est grâce à mes parents. Dès ma naissance, ils ne voulaient pas que j’aie d’accent. Ils ont agi en conséquence. Je les en remercie du fond du cœur.

Cet atout fut déterminant pour mon intégration dans la société américaine. Je n’ai eu aucun problème à me fondre dans la masse. Heureusement d’ailleurs. Car grave aurait pu être le fait d’avoir un accent. Ou aigü le problème pouvant en découler.

Mes enfants

Par contre, mes enfants avaient tous un accent assez prononcé avant de mettre les pieds aux États-Unis. Peu importe le sens de leur accent, il faisait partie de leur identité propre. Il était inséparable de leur identification humaine.

Dès leur arrivée au pays de l’Oncle Sam, mes chérubins ont perdu leur accent. À une vitesse époustouflante. Ils en furent profondément bouleversés. Même le plus jeune, qui n’avait que cinq ans lors de l’émigration familiale. Au début, mes rejetons tentèrent de conserver leur élément distinctif. Mais très vite, ils abandonnèrent toute résistance. Ils renoncèrent à imposer leur accent.

Aujourd’hui, ma progéniture est entièrement américanisée. Véronique, Geneviève et Jérémie n’ont plus d’accent. Eux aussi sont désormais fondus dans la masse. Ils ne parlent plus de leur accent. Ils ont accepté l’idée d’être identique. Ils ont renoncé à l’idée d’être différent. Ils ont abdiqué devant la force brutale de l’environnement assimilateur. Du pays hôte. Du pays autre. Du pays sans accent en anglais.

Véronique est devenue Veronique. Geneviève est désormais Genevieve. Jérémie est maintenant Jeremie. Dans mon cas, ne cherchez pas. Je répète ce que mentionné au tout début de cet article: dans le cas de Vincent, point d’accent!

Aucun accent, sauf…

Je n’ai aucun accent en anglais… sauf lorsque je parle.

Vaines sont mes tentatives d’américaniser mes élans oratoires. Futiles demeurent mes efforts de paraître un natif de l’endroit. Insignifiants se révèlent mes essais de reproduire l’élocution déclamatoire de mes interlocuteurs interloqués.

C’est inévitable, incontournable, imparable, immanquable et surtout immuable: j’ai un accent en anglais.

Aucun moyen de me dissimuler dans la masse vocale des humains de mon environnement. D’ailleurs jamais n’oserais-je effectuer un appel téléphonique anonyme dans le secteur où j’habite. J’aurais cent fois plus de chances d’être reconnu que Barack Obama tentant de commettre un vol de banque à l’aide d’une cagoule transparente.

Désormais c’est ainsi qu’on m’identifie: l’homme à l’accent.

Quelques exemples

Voici quelques exemples pour vous faire rire pendant que j’en pleure encore.

Lors d’une partie de baseball de fiston, j’ai commandé un hot-dog au kiosque alimentaire. Avec un chien aussi chaud dans la bouche, je me suis dit qu’à défaut de parler sans accent, j’aurais au moins l’air d’un Américain sans avoir à le démontrer en mots dits. N’étant pas encore à point, ce fabuleux mets culinaire dut se faire quelque peu désirer. Dix minutes plus tard, je revins donc vers le kiosque afin d’y quérir cette chair pré-payée. Nul besoin de m’identifier. La serveuse s’exclama: « Ah oui, je vous reconnais, c’est vous qui avez un accent. »

Quelques jours plus tard, en entrant dans mon restaurant favori, j’informai l’hôtesse que je venais rejoindre mon épouse. Le gérant s’approcha de moi et me dit: « C’est vous qui avez un accent? Votre conjointe vous attend de ce côté-ci. » C’est ainsi que la mère de nos enfants avait cru bon d’identifier le prétendu homme de ses rêves.

Doux baumes

Heureusement, de doux baumes furent tendrement appliqués sur mes plaies linguistiques.

Lors d’une discussion au cours de laquelle je m’excusais d’avoir un accent, une dame de New-York me supplia: « J’adore votre accent. Je vous implore de ne rien changer à votre accent. »

Un peu plus tard dans la journée, un individu à qui je parlais aussi de mon accent, me répliqua tout de go: « Oh vous savez, ici à New York, il y a huit millions de personnes et donc huit millions d’accents différents. L’important, c’est qu’on vous comprenne et que vous nous compreniez. »

Conclusion

Bref, même si je désire le nier de toutes mes forces, invoquer le 5ième amendement, réclamer la présence de mon avocat, argumenter pendant des lunes, conserver motus et bouche cousue, froncer mes sourcils circonflexes, rien n’y fait: j’ai un accent en anglais.

Heureusement, avec le temps, j’en suis venu à accepter mon accent. À apprécier mon accent. À cultiver mon accent. Et même à revendiquer le droit à mon accent.

Car mon accent me distingue. Je suis l’homme qui a un accent. Je suis l’être qui a des racines. Je suis l’humain qui a une identité culturelle. Je suis propriétaire d’un accent. Il est à moi et à personne d’autre. Nul ne peut voler mon accent, ni même me l’emprunter. Quelques Amerloques ont tenté de l’imiter. Peine perdue.

Grâce à mon accent, j’ai une personnalité distincte. D’ailleurs je proviens d’une société distincte en Amérique du Nord. Une société francophone. Une société qui a un accent. Très aigü d’ailleurs. Le Québec.

Je suis fier d’avoir un accent.

 Et vous?

Comment se porte votre accent?

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Chéri, j’ai déduit le lapin!

Couple de lapins en chocolat

Image: domaine public

Durant sa prime jeunesse au États-Unis, mon fils Jérémie était entouré d’une mère, d’un père, de trois sœurs, de deux chiens, d’un hamster et de six poules.

Sans compter les fourmis, mouches, moustiques, papillons, oiseaux et autres bestioles du même acabit qui agrémentaient son environnement immédiat.

Un vide à combler

Toutefois, ce n’était pas assez à ses yeux. Il lui manquait quelque chose. Un vide à combler. Surtout depuis le décès de Georges, sa perruche mâle ayant survécu à trois compagnes plus fragiles.

Selon Jérémie, il lui fallait… un lapin!

Personnellement, je préfère le lapin sous forme chocolatée.

Il y a deux avantages. Le premier est d’être nourri par lui plutôt que d’avoir à le nourrir. Le second est la brièveté de la relation à entretenir avec un lapin de passage, par rapport à celle qui doit être maintenue plus longtemps avec un lapin qui nous obstrue le passage.

Malgré mon opinion, nous avons adopté un lapin. Grâce à (ou à cause de) la House Rabbit Society.

Cet organisme américain à but non lucratif s’est donné pour mission de sauver les lapins en détresse et d’éduquer la population. Il remplit parfaitement sa mission, croyez-moi.

Conditions préalables

Tout d’abord, n’adopte pas qui veut. Il faut se qualifier auprès de la House Rabbit Society. Remplir un questionnaire de cinq pages. Répondre aux questions. Se dévoiler. Se mettre à nu. Aller jusqu’à donner la permission à cet organisme de venir faire enquête dans notre maison. Pour être sûr que la famille adoptive a les qualités requises.

Ensuite, il faut se présenter à la lapinière de l’organisme protecteur. Plus de 75 lapins, lapines et lapereaux occupent de vastes clapiers. Tous plus attachants les uns que les autres, ces léporidés semblent jouir d’une excellente qualité de vie et n’aspirent vraisemblablement pas à finir leurs jours en terrine ou en civet. Plus de cinq bénévoles remplacent les litières, mettent de l’eau fraîche et remplissent les bols de nourriture. Les murs sont tapissés de décorations à deux oreilles, de cartes de souhait pour Pâques et de conseils pro-lapin.

Enfin, après que le choix de Jérémie se soit porté sur l’élu poilu de son coeur, il a fallu que nous, à titre de parents, … signions un contrat d’adoption. Car on n’achète pas un lapin. Non, non. On l’adopte. Ce mammifère sauteur devient un membre de la famille. À part entière. Par conséquent, il faut se porter acquéreur de tous les éléments nécessaires à son bien-être. Dont une laisse. Car il doit sortir de sa cage au moins trente heures par semaine.

Question fondamentale

Nous sommes-nous fait passer un lapin? Sûrement car Ginger (c’est son nom) fut désormais parmi nous. Jérémie fut bien content d’avoir une nouvelle sœur. Pourtant il ne considérait pas son chien Rusty comme étant son frère: « Mais Papa, ce n’est pas la même chose. Rusty, on l’a acheté tandis que Ginger, on l’a adoptée. »

Nous sommes-nous fait passer un lapin? Pas tout à fait puisque la House Rabbit Society est un organisme sans but lucratif, exempté de tout impôt par l’Internal Revenue Service (IRS), organe fiscal américain. À ce titre, il peut donc recevoir des donations et émettre des reçus. Donc, le montant de 55$US déboursé par la mère du fiston fut considéré une donation et donc déductible de son revenu pour fins fiscales.

Un lapin déductible!

N’est-ce pas merveilleux?

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