L’alcool aux USA

Image: © magann - Fotolia.com

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Étant un pays aux mille contrastes, les États-Unis sont beaucoup moins unis en ce qui concerne l’alcool. En vertu du 21ième Amendement de la Constitution des États-Unis, ayant suivi une prohibition qui a duré 13 ans, chaque État est libre de réglementer la distribution, la vente et la consommation d’alcool sur son territoire.

Alors que certains États permettent la vente d’alcool à peu près partout (supermarchés, épiceries, garages, pharmacies, etc.), d’autres contrôlent totalement sa distribution par le biais de liquor stores, propriété ou non de l’État concerné.

Absence du bouchon

Un samedi soir, je suis attablé depuis quelques minutes avec ma famille dans l’un des rares établissements dignes de porter le nom de «restaurant» dans la région. Je demande à la serveuse de m’apporter la carte des vins. Le contenu de cette dernière peut facilement être reproduit à l’endos d’un timbre-poste. Parmi les trois bouteilles suggérées, je choisis celle dont le précieux liquide provient des vignes de la Pennsylvanie.

Quelques minutes plus tard, la préposée à notre bonheur alimentaire me présente le contenant du fluide alcoolisé et déverse ce dernier dans nos coupes cristallines. Et le bouchon? Quel bouchon? Jamais cette bouteille ne fut débouchée devant moi, le préposé au bar l’ayant fait seul dans son coin. Mon appendice nasal ne peut donc point humer les effluves du raisin liquéfié sur le liège protecteur.

Cette étonnante réalité se répète dans une multitude de restaurants.

Rareté du bouchon

Je constate aussi que les Américains du coin ne consomment que peu d’alcool au restaurant. Les prix sont pourtant raisonnables. Le samedi soir en question, un discret sondage visuel m’indique que seules deux tables sur un total de vingt-cinq supportent bouteilles de vin ou de houblon. Soit 8% seulement. Toutes les autres débordent de liqueurs douces. Imaginez la scène: une assiette de fruits de mer, accompagnée d’un immense Coca-Cola…

Comment expliquer ce phénomène?

Dans la région où j’habite, l’alcool ne peut être acheté que dans les liquor stores. Cela signifie donc que bière, vin, liqueur forte et toute autre forme de breuvage alcoolisé ne sont pas disponibles dans les épiceries et supermarchés. Dans certains États, comme en Pennsylvanie par exemple, les liquor stores sont fermés lors de la trêve dominicale. Donc, les perpétuels assoiffés doivent faire leurs provisions au plus tard le samedi en fin de journée. Ou encore ils doivent se déplacer le dimanche vers les États voisins, plus libéraux, pour y quérir leur breuvage favori.

Autre particularité, je ne connais aucun restaurant du coin où il est possible d’apporter son vin, comme cela se fait couramment au Québec. Et rappelons l’âge minimal de 21 ans pour acheter ou consommer de l’alcool dans les établissements licenciés. Alors que dans le reste du monde, l’âge minimum est généralement de 18 ans. Enfin, la tolérance policière envers les conducteurs en état d’ébriété est heureusement inexistante.

Mutilation du bouchon

Récemment, je vais au restaurant avec un ami. À cet endroit, la bouteille choisie m’est présentée pour approbation avant d’être débouchée. Mais il y a un problème: notre serveuse ne sait pas comment enlever le bout de liège qui protège l’accès au bonheur rouge vin. La gérante est donc conviée à notre table, confiante d’en imposer par son titre et son expérience.

Malheur! Je vois le bouchon se désagréger rapidement sous les assauts répétés d’un tire-bouchon poussiéreux. Qu’à cela ne vaille! Je retire doucement des mains de la gérante médusée le précieux contenant de verre et réussis à extirper le bouchon sévèrement mutilé.

 

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